Le Jour d'avant

Sorj Chalandon

Grasset

  • Conseillé par (Libraire)
    1 août 2017

    Une possible vérité, le roman de la déchirure

    Ce roman pourrait aussi être un film, jamais tourné, ébauché, jamais terminé. Une plaie non refermée, ouverte à jamais, animée de colère et de vengeance ressassée. Une peine immense, lourde et ouverte, de non-dits, de culpabilité et de remords. Et toujours la colère gronde et couvre tout. Le narrateur a survécu, il est le survivant, adulte empli de colère, de honte et de silences. Il est celui qui ne devrait pas être, le « tiot », le petit frère apeuré d'amour pour son frère, fier et admiratif. Époustouflé par la mine, par les mineurs, par leur labeur, par leur abnégation mêlée d'orgueil. Il est celui qui reste, orphelin de tous, orphelin de lui-même comme rejeté. La souffrance est immense, ambivalente et dans cette ambivalence le roman se déploie, la force narrative de Sorj Chalandon s'accomplit avec rigueur, magistrale et organisée, comme dans un procès. Implacable. Le roman est le procès en instance, réclamant jugement et vérité, souhaitant compléter le premier procès à peine entamé, vite balayé puis traîné en longueur, inutilement. Ce roman est un cri, une alarme de plus tirée par Sorj Chalandon pour évoquer les disparus, les oubliés de l'Histoire, les oubliés des tragédies, les oubliés des guerres, des infamies et des maltraitances, les oubliés tout court. Lumière et projecteurs sur le tribunal de Saint-Omer en 2017 après les longs travellings en 1974 dans les rues noires et embrumées d'une petite ville minière du nord où l'absence résidait et présidait déjà : le réquisitoire sublime de l'avocat général est un morceau littéraire inoubliable, glaçant dans sa dureté et sa franchise. "Le Jour d'avant" est le roman d'un individu profondément seul, convaincu de sa vérité contre la société, son combat de toute une vie. C'est aussi le roman d'une possible reconstruction psychique essentielle.


  • Conseillé par
    19 novembre 2017

    Les travailleurs de la mine

    Après une grande carrière de journaliste, Sorj Chalandon, écrivain reconnu dès ses débuts, signe là un roman puissant. Avec habileté et maîtrise, il enchevêtre drame intime et mémoire collective dans une histoire qu’il greffe sur la catastrophe minière de Liévin-Lens en 1974.
    La mine, toute une vie
    Trop jeune pour en avoir entendu parler, c’est avec ce roman que j’ai personnellement pris connaissance de cette date inscrite dans les mémoires du Nord, le 27 décembre 1974, au matin duquel un coup de grisou tuait quarante-deux mineurs. Le personnage de Sorj Chalandon, Michel Flavent, un quinquagénaire sans histoire, comme on dit dans les rapports de police, retourne vivre dans le Nord de la France, d’où il est originaire, après la mort de sa femme. Michel a construit sa vie dans le culte de la mémoire d’une famille détruite par la mine et la mort de son frère aîné. Ses pensées n’ont jamais quitté le bassin minier, les terrils, les hommes noirs de charbon. Depuis quarante ans, il a ainsi collecté tout ce qui se rapportait à l’explosion du 27 décembre 1974 : coupures de journaux, procès-verbaux, photographies, au point que cette passion mémorielle s’est transformée en soif de revanche et de justice.
    La tragédie d’un homme
    « Le Jour d’avant », ce n’est pas « Germinal » au 21e siècle, mais un roman sur le drame d’un homme hanté par les deuils et rongé par la culpabilité. En ayant perdu son frère idolâtré quand il avait seize ans, Michel Flavent n’est jamais vraiment remonté du puits, ourdissant sa vengeance pendant des années, et s’autoproclamant justicier des travailleurs opprimés contre les capitalistes sans foi ni loi. L’auteur, avec une grande subtilité, cherche ce qui motive les êtres en profondeur ; ici, pas de bons ni de salauds, mais des hommes et des femmes complexes qui agissent selon leur intime conviction, dévient de la route et se hissent au rang de grands personnages. En mêlant fiction et réalité, tragédie intime et cause collective, Sorj Chalandon écrit un roman magnifique et bouleversant, qui parle des hommes avec justesse.

    Lire la suite de la critique sur le site o n l a l u


  • Conseillé par
    27 septembre 2017

    Le jour d'avant

    Le jour d'avant est un grand coup de cœur. Dans ce grand roman, Sorj Chalandon nous plonge dans l'univers des terrils et des mines et prend pour fil rouge la plus grande catastrophe minière d'après-guerre survenue à Liévin le 27 décembre 1974. Le jour d'avant est un roman de colère. La colère d'un homme qui a perdu son frère et passe sa vie à ruminer sa vengeance. C'est aussi le portrait d'une société dont le drame a été évacué au nom de la fatalité. Enfin, c'est un roman magistral et surprenant sur la culpabilité.


  • Conseillé par (Libraire)
    9 septembre 2017

    Comment vivre avec la culpabilité et l'incrompréhension ?

    Quand Michel perd son frère adoré lors de la catastrophe de Liévin, il est trop jeune pour comprendre ce qui lui pèse. Toute sa vie durant, il cherchera à venger cette injustice, jusqu'au dénouement final, incroyable et libératoire.
    Tel un réquisitoire, Sorj Chalandon rend hommage au monde de la mine et à la fierté ouvrière en leur offrant ces pages de suie et d'ombres.
    Descendez avec eux !