Les fantômes du vieux pays

Nathan Hill

Gallimard

  • Conseillé par
    30 mars 2018

    Etats-Unis

    Comment rendre toutes mes impressions de lecture de ce pavé ?

    D’abord : j’ai aimé, vraiment beaucoup. Ce n’est toutefois pas un coup de coeur à cause de certains paragraphes entiers d’accumulations, mais que l’on peut facilement survoler.

    J’ai aimé tous les personnages : de Samuel sur qui tout s’écroule à sa mère Faye qui l’a abandonné enfant ; de son ami d’enfance et de sa soeur Bethany ; de la jeune étudiante coriace qui ose tout pour ne pas faire son devoir sur Shakespeare ; du geek Pwnage capable de jouer jusqu’à la mort.

    J’ai aimé les parties sur la révolte des étudiants de Chicago en 1968, même si l’auteur a pris des libertés avec le déroulement des faits (comme je ne connaissais rien à ces protestations contre la guerre du Vietnam, cela ne m’a pas gêné).

    J’ai aimé le mystérieux Sebastian tout en me doutant de plus en plus de sa vraie identité, ça ne pouvait pas être un autre.

    J’ai aimé la vision de l’Amérique sans concession mais tout en finesse qu’offre l’auteur ; ses détails si vrais : le bleu layette des uniformes des policiers, l’application IFeel pour personnes en mal de reconnaissance.

    Grâce à ce magnifique roman, j’ai appris par le petit bout de la lorgnette la révolte des étudiants américains de 68 et eu une vision très claire de l’état du pays en 2011 juste avant le crack boursier.

    Merci, M. Hill, votre premier roman est absolument réussi, bien que je me demande si le Mississippi est bien à 300 kilomètres de Chicago (mais c’est une erreur de frappe et/ou de traduction).

    L’image que je retiendrai :

    Celle de Faye sur les traces de son père en Norvège, découvrant la vérité sur lui.

    http://alexmotamots.fr/les-fantomes-du-vieux-pays-nathan-hill/


  • 25 septembre 2017

    « Les fantômes du vieux pays » de Nathan Hill aux éditions Gallimard
    Samuel est professeur d'anglais dans une université américaine. Désabusé par la médiocrité de ses élèves et la morosité de sa vie, il se réfugie dans ""Elfscape"" un jeu vidéo qui l'occupe de plus en plus. Mais le quotidien va vite voler en éclat lorsqu'il découvre dans les médias l'image d'une femme surnommée ""Calamity Parker"".

    Cette femme a lancé une poignée de cailloux au visage d'un candidat républicain en campagne et toute l'Amérique se passionne pour elle en attendant un procès retentissant.

    Le problème pour Samuel est qu'il reconnaît en elle sa mère qui l'a abandonné quand il avait 11 ans.

    Le second problème pour Samuel est qu'il doit rembourser dans les plus brefs délais un avaloir consenti par son éditeur pour un roman qu'il n'a jamais écrit, argent avec lequel il s'est offert une maison dévaluée désormais.
    Acculé, le jeune professeur accepte d'écrire un récit à charge sur cette mère et se lance dans une enquête pour tenter de comprendre cette femme.

    De l'Amérique de Trump à la Norvège des années 40, Nathan Hill nous livre un roman dense qui explore de multiples histoires, de multiples chemins gardant comme fil rouge cette relation douloureuse entre une mère et son fils.
    Tour à tour drôle, mélancolique, sensible, ""les fantômes du vieux pays"" est un roman brillant et le regard de l'auteur est toujours juste, précis sur ces personnages qui se cherchent et se questionnent. Une très belle découverte.


  • Conseillé par (Libraire)
    9 septembre 2017

    Samuel, jeune professeur d'université à Chicago, compense sa solitude et son manque d'épanouissement professionnel par le jeu vidéo en ligne.
    Quand, pour sortir d'une impasse, il déclare à son éditeur tyrannique qu'il prépare un roman sur Calamity Packer qui n'est autre que sa mère, il n'a d'autre choix que de partir à la recherche de celle qui l'a abandonné quand il avait 11 ans.
    Plus que des fragments de vie, ce sont des réponses à ses propres questions que Samuel cherche désespérément.
    Alternant le sarcasme et la tragédie, les années 60 et les années 2000, Chicago et la Norvège, Nathan Hill dépeint les États Unis et leurs paradoxes, les jeunesses protestataires et les silences de la vie.
    Plongez dedans !


  • 7 septembre 2017

    Une lecture jubilatoire

    Le point de départ de cette histoire c'est une vieille dame, surnommée Calamity Parker, qui agresse le Gouverneur Parker à coup de jet de pierre. Et nous voilà lancés pour 700 pages dans le destin de cette femme, racontée par son fils Samuel, prof d'université qui se voudrait romancier mais n'a rien écrit depuis 10 ans.
    Dans ce roman incroyablement bien mené, on croise une violoniste virtuose, un soldat déployé en Irak, un accro des jeux vidéo, une étudiante un peu légère mais pas si bête, un éditeur manipulateur et un grand-père norvégien. Le tout sur fond d'histoire des États-Unis, des année 60 à nos jours.
    Le grand talent de Nathan Hill, dont c'est le premier roman, a été de créer autant de personnages et d'univers différents sans nous perdre un seul instant. Chacun d'entre eux nous dévoile un pan de la vie des 2 personnages principaux et plus globalement de la société américaine.
    Son écriture est à la fois juste, incisive et teintée d'un certain humour noir. Une lecture réjouissante à ne surtout pas manquer.


  • Conseillé par
    5 septembre 2017

    Ce pavé de plus de 700 pages est typique de ces romans américains qui partent d'un point A pour arriver à un point B en passant par des points dont on n'imaginait même pas qu'ils pouvaient être aussi nombreux. A la fois roman avec une intrigue, voire même du suspense concernant le passé de l'ascendance de Samuel, réflexion sur divers sujets comme la pornographie ou les promesses à respecter ou pas, avec des variations dans la forme et le style, ce n'est pas un roman que nous avons en main, mais plusieurs. C'est souvent brillant, parfois un peu longuet, mais cela reste, dans l'ensemble, un très bon roman.

    J'ai beaucoup aimé les passages portant sur l'enfance de Samuel et notamment ses liens avec les jumeaux, mais aussi la partie se déroulant en Irak. Sans faire de la psychologie de bas étage, il m'a semblé que le passage sur cet enfant victime devenu bourreau était particulièrement réussi. D'ailleurs Nathan Hill a un don particulier pour croquer les personnages, surtout me semble-t-il, les personnages secondaires: Laura l'étudiante, m'a rappelé quelques petites garces croisées ici ou là. Alice, l'amie de la mère de Samuel, auteure de la phrase que je cite en ouverture de ce billet et Bishop, le jumeau, sont des personnages qui m'ont passionnée et touchée. L'ensemble varie dans une gamme allant du drôle à la gravité, parfois dans la même scène, comme par exemple dans la scène du chameau. Et puis, il y a ces caricatures (en fait, non, ce ne sont pas des caricatures, c'est souvent la réalité) de notre société:
    Il lui suffisait de sélectionner une émotion parmi les cinquante émotions standard, de l'associer à une photo, un petit mot ou les deux, et de guetter l'afflux de messages de soutien.
    Mais voilà que pour la première fois, les cinquante émotions standard lui semblaient limitées.