Simple / roman

Julie Estève

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  • Conseillé par (Libraire)
    1 septembre 2018

    Baoul

    Comment donner langue au baoul, l'idiot du village en Corse ? Par une langue inventive, heurtant parfois, drôle et acide, dérangeante aussi avec ses volontaires « accidents » narratifs qui traduisent les dérapages du personnage. Julie Estève réalise bien plus qu'un exercice de style, elle conduit par sa narration au plus proche de l'âme et des émotions d'Antoine, le simplet du village, rejeté par les uns, souffre-douleur des autres avant de devenir le bouc-émissaire de tous. Mais lui les regarde, voit ce monde cruel qui l'entoure, ce village et ses habitants dont il n'est pas le plus dupe ni le moins lucide. Un roman touchant, une belle réussite.


  • Conseillé par
    24 septembre 2018

    Un bouc émissaire facile

    Dans ce petit village corse, c’est le jour de l’enterrement d’Antoine Orsini, un homme que personne ne regrettera, surtout pas la mère Biancarelli crachant sur sa tombe. Elle a toujours vu en ce « mongole » l’assassin de Florence, sa fille retrouvée morte alors qu’elle n’avait que seize ans.

    Mais c’est Antoine, le « baoul », l’idiot du village qui va nous raconter son histoire dans son langage de simple d’esprit. Et ce langage c’est bien sûr la force et l’originalité du récit. Dans la bouche d’Anto, tout est normal, évident, sans filtre. Aucun jugement, aucune colère. Sa famille l’a toujours rendu responsable de la mort de sa mère lors de l’accouchement. Son père, un alcoolique violent n’hésite pas à l’en punir. Il trouverait presque ça normal. Ses seuls amis et confidents sont une vieille institutrice bien trop vite disparue, une peluche et parfois la jeune Florence.

    De l’enfance à l’âge adulte, chacun se joue de lui, le moque et bien évidemment l’accuse lorsque l’on retrouve le corps de Florence avec sa peluche dans les bois. Il fera quinze ans de prison. L’auteur déploie le récit gardant toujours le mystère sur les circonstances de l’accident.

    Derrière la langue du baoul, Julie Estève peint la méchanceté envers un bouc émissaire. Les habitants de ce petit village corse ne sont pourtant pas irréprochables. Mais il est toujours plus facile de rejeter le mal sur un pauvre innocent. Un village malsain qui tue aussi l’innocence de Florence, jeune adolescente, prête à tout vivre ses rêves de liberté.
    Bien évidemment, l’histoire du baoul et de Florence ne peuvent qu’émouvoir. Pourtant la langue du baoul ne m’y aide pas du tout. J’ai surtout ressenti de la pitié pour cet homme, regrettant l’insistance sur la saleté, la bêtise du personnage.
    Le langage ne fut pas une originalité suffisante pour faire de cette simple histoire une lecture mémorable.