Une vie en l'air

Philippe Vasset

Fayard

  • Conseillé par (Libraire)
    1 septembre 2018

    Magnifique

    « Une vie en l'air » est un récit magnifique, une réflexion de toute beauté sur le paysage et sur les lieux de l'enfance et de l'adolescence qui marquent toute une vie. Ce lieu stupéfiant est à la fois un refuge et une nostalgie, un souvenir mélancolique et un retour sur soi. Philippe Vasset l'explore et s'expose, il nous mène au cœur de ce qui le tient et le retient, le fascine depuis si longtemps, un trait de béton à l'abandon rayant la Beauce sur 18 kilomètres, un perchoir sans fin de sept mètres de hauteur pour contempler la vie, le monde, les hommes, soi-même et – à n'en pas douter- faire venir une si remarquable narration.


  • Conseillé par
    28 septembre 2018

    Philippe Vasset grandit dans la région orléanaise, région qui vit aussi la naissance de l'aérotrain de Jean Bertin. Cet engin, censé être le train rapide du futur ne connut jamais le succès, mais les infrastructures, gros blocs de béton, monorails et terrasses elles aussi en béton restèrent, faisant la joie des jeunes des alentours, des amours qui avaient besoin de se cacher et des solitaires comme Philippe Vasset qui aimait passer du temps sur la terrasse, en hauteur. C'est sa relation avec l'aérotrain et surtout avec ses vestiges que l'auteur raconte dans ce livre.

    Le moins qu'on puisse dire c'est que l'on n'est pas dans un livre maintes fois lu. Original, d'abord parce que c'est l'histoire de l'auteur, ensuite parce qu'il parle d'un projet fou et inventif qui ne fut jamais exploité et d'une relation forte entre l'enfant puis l'homme et la machine et surtout l'infrastructure qui permit à icelle d'être testée. L'homme qui se définit lui-même comme "Toxicomane de l'aérotrain" n'aura de cesse de le mettre en avant, de sauver ce qui reste, allant jusqu'à tenter de s'approprier la terrasse sur laquelle il passait de longues heures.

    Plus globalement, Philippe Vasset parle d'aménagement du territoire, d'urbanisation, de sauvetage des sites industriels qui n'ont pas toujours la côte contrairement aux sites historiques, et pourtant on peut faire des choses très bien avec ce genre de lieux (cf. le Hangar à bananes de Nantes et tout le site des Machines de l'île).

    Il parle aussi de lui et de cette étrange attrait pour l'aérotrain : "Toxicomane de l'aérotrain, j'essayai de tempérer mon addiction par d'autres substances. J'entamai une collection de routes abandonnées, pour voir si elles me procuraient des sensations aussi fortes que le viaduc de Jean Bertin" (p.134) et des dérivés qu'il va chercher un peu partout, des routes abandonnées, des immeubles vides, ...

    Très bien écrit, on ne s'ennuie pas grâce à une construction en quatre parties, inégales en nombres de pages mais qui allègent le propos. Voici un récit pas banal, qui, semble dans la veine de ce qu'écrit Philippe Vasset, puisque son "Journal intime d'un marchand de canon" était déjà très bon.