Les Petits de Décembre

Kaouther Adimi

Seuil

  • Conseillé par (Libraire)
    17 août 2019

    Les enfants de la révolte

    Une plaisante fable politique, acerbe, critique et désopilante sur le pouvoir tel qu'il s'exerce en Algérie depuis l'Indépendance avec ses abus, ses corruptions, ses destins brisés, ses mensonges, ses hypocrisies. Seule la naïveté et la ténacité des petits, ces enfants qui entendent bien défendre leur terrain de jeux, peuvent encore donner l'exemple et contester ce que plus personne n'ose même plus dénoncer. C'est joliment écrit et gentiment mené. Sous l'humour et la candeur percent bien des vérités, derrière la légèreté et le jeu surgissent la révolte.


  • Conseillé par
    30 septembre 2019

    Cité du 11-Décembre-1960 de Dely Brasilia en Algérie, Jamyl, Mahdi et Inès, des enfants du quartier s’occupent en jouant au foot sur un terrain vague. La cité construite en 1987 a vu leurs aînés en faire leur terrain de jeu. Mais un jour de février 2016, deux généraux en fin de carrière débarquent avec l’intention de se l’approprier pour y construire leurs maisons. Certains des adolescents se rebellent, encouragés par Adila une ancienne moudjahida militante de l’indépendance algérienne. Ils ne veulent pas se laisser faire même contrairement à leurs parents qui vivent avec la crainte d'éventuelles repérésailles. Et si le courage innocent, presque puéril, était l’étincelle qui met le feu aux poudres pour se lever contre un système gangréné ? Sous l’impulsion des adolescents, le terrain devient un emblème fédérateur pour les habitants du quartier .

    Si l’auteure évoque l’indépendance de l’Algérie à travers notamment le personnage d’Adila une femme forte et respectée, elle revient principalement sur l’évolution politique récente de ce pays. À travers la voix d’Adila et ses souvenirs, j’ai découvert les émeutes de 1988 durant lesquelles l’armée a ouvert le feu sur des manifestants, mais aussi l’émergence du groupe islamique armé, les attentats qui ont semé la terreur et la violence. Kaouther Adimi dresse également le portrait d’un pays entre passé et présent où les mentalités ont du mal à s’émanciper du poids culturel et de celui des traditions, et où les voix politiques discordantes tentent de s’élever.

    Loin d’être rébarbatif, ce contexte politique est très instructif mais j’ai trouvé que l’auteure se répétait un peu dans sa trame. Mais si le personnage d’Adila est étoffé, les autres personnages sont un peu moins aboutis à mon sens car brossés dans les grandes lignes. Au fil des pages, ce roman prend l’allure d’une fable.

    Sans en dévoiler de trop, il m’a manquée une histoire plus conséquente, une empathie et des émotions. Au final, je retiendrai ce vent engendré par une nouvelle génération portée par l’envie de changement et de renouveau. Et même si quelquefois les vents dominants sont les plus forts, l’espoir est bien là. Peut-être fragile mais lumineux.