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Conseillé par Alex-Mot-à-Mots11 décembre 2023
famille, viol
Etant donné que ce livre n’est pas un roman avec une trame narrative ; étant donné que j’ai accroché pleins de post-it lors de ma lecture au point que le livre ressemble maintenant à un hérisson, je vais commencer par citer les passages qui m’ont marqués :
Ne vous étonnez donc pas si vous êtes un survivant, une survivante, que vous avez fait votre bout de chemin, que vous ne vous en sortez pas trop mal, du mieux possible en fonction de vos conditions de départ, et peut-être même que vous vous en sortez de manière prodigieuse, et que pourtant vous n’êtes pas content. Vous n’éprouvez pas ce sentiment de paix que joue l’actrice (…) parce que ce n’est pas fini. (p.86-87)
… et qu’il me laisse enfin en paix (p.103) : cette remarque revient souvent sous la plume de l’autrice.
Pauvre Johnny, qui doit se demander depuis le fond de sa tombe rococo ce qu’il est venu faire dans ce livre. Qu’il ne m’en tienne pas rigueur, ce n’est pas moi qui ai choisi la bande-son. (p.122)
C’est toujours grand ouvert chez un enfant. Un enfant ne peut pas ouvrir ou fermer la porte du consentement. Il n’atteint pas cette poignée. Elle n’est simplement pas à sa portée. (p.146-147)
La prédation sexuelle n’est pas tant liée au plaisir physique qu’à une relation de domination, c’est-à-dire de pouvoir. Ils choisissent cette agression-là parce que c’est une manière de dominer, d’assujettir l’autre, qui va au-delà des autres formes possibles. (p.164)
Cette identité de monstres qu’ils rejettent tous ensuite, à un moment donné, ils l’ont incarnée avec une jouissance folle. (p.165)
… même si il y a des périodes d’accalmies où je pense à autre chose, même si tout ne se rapport pas toujours à cela, c’est encore souvent le cas. En ce sens il a gagné et je n’y peux rien. Damaged for life. (p.176)
Ce qu’il y a d’insupportable dans la résilience c’est l’idée que toute cette souffrance ne conduise qu’à être normal. Accepter que ce que les autres ont sans effort, sans même en percevoir la valeur, ne nous est donné qu’au prix d’une double peine : le martyre et ensuite le chemin de croix de la guérison. (p.261)
Quelque part en lui, il y a l’autre lieu. C’est calme pour l’instant, mais je sais que c’est là. Je sais aussi qu’il ne sera pas seul avec ça. Il ne saura pas que je suis là avec lui, car nous n’évoquerons jamais le sujet. Mais je serai là. Il ne sera pas seul avec ça. (p.274)
J’ai aimé les réflexions distancées que l’autrice apporte à son lecture, s’aidant de la littérature.
J’ai eu de la peine pour son vrai père, Sammy, qu’enfant elle voit de moins en moins puis plus du tout.
J’ai été choquée de lire que son beau-père, lors d’un carnaval à l’école, s’était déguisé en excrément. Choquant et en même temps tellement révélateur.
Je n’ai pas été étonnée de lire que l’autrice avait construit sa vie d’adulte ailleurs, de l’autre côté de l’océan, au Mexique. Sa sœur aussi.
Une lecture forte et un texte éclairé sur le calvaire post-viol des victimes.
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Conseillé par Gabrielle M. (Libraire)23 novembre 2023
Triste Tigre
À la jonction entre essai littéraire et témoignage, Neige Sinno revient à la fois sur le viol qu'elle a subi par son beau-père dans son enfance, mais aussi sur le rapport entre inceste et littérature.
La façon dont cela a été traité dans l'histoire de la littérature d'abord, mais aussi le lien personnel qu'entretient l'autrice avec ses deux notions qui l'ont construite bien malgré elle.
Prix Femina 2023
Prix Goncourt des Lycées 2023 -
Conseillé par Marc F. (Libraire)8 novembre 2023
Un témoignage bouleversant
L'autrice nous fait part de l'inceste que lui fait subir son beau-père dans un petit village de montagne pendant plusieurs années, à partir de ses 6-7 ans. Et la difficulté de vivre avec le souvenir de cet enfer.
Elle pense se reconstruire avec la littérature en lisant puis en écrivant mais, même en écrivant sur ce sujet, elle n'arrive pas à mettre de côté ce qu'elle a vécu.
Elle est partie loin du village, aux USA puis au Mexique, où elle enseigne.
Malgré un procès public et la condamnation du violeur, elle reste marquée à vie et essaie de ne pas tomber.
Magnifique récit qui fait comprendre les dégâts irrémédiables sur la vie future et le mental.
Le prix Femina est amplement mérité. -
Conseillé par Ash M.19 septembre 2023
Que la honte change de camp
D'une enfance abîmée par les viols répétés de son beau-père, surgit l'écriture violente et bouleversante de Neige Sinno. Comment écrire autrement l'horreur ! Elle parle des conséquences de l'inceste sur sa propre personne, sa famille, son village et son persécuteur. Durant tout le livre, l'autrice s'interroge sur ce qui a amené cet homme à commettre de tels actes. Comment est-il devenu un monstre ? Que pensait-il au moment de l'acte ? Et surtout, que devient-il ? Neige Sinno se questionne de manière générale sur ces prédateurs et leurs comportements. N'est-il pas dangereux de les laisser refaire leur vie avec d'autres enfants ? Comment savoir s'ils ne vont pas récidiver ? Encore aujourd'hui, elle reste en alerte en apercevant des enfants dans un parc ou dans un bus de peur d'apercevoir le moindre signe qui pourrait indiquer un abus. Il est temps que la parole se libère.
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Conseillé par Matatoune V.18 septembre 2023
C’est par l’analyse des faits, de leur argumentaire et de leurs décorticages que Neige Sinno propose avec Triste tigre de revenir sur les abus sexuels qu’elle a subi durant son enfance.
Son postulat de départ est de s’interroger sur la figure du monstre et du mal, et non sur celle de la victime, au prisme de son expérience et d’autres récits et analyses littéraires.
Un livre qui peut faire évoluer la société !
Suite de la chronique illustrée ici
https://vagabondageautourdesoi.com/2023/09/18/neige-sinno-triste-tigre/