Ghost Town

Kevin Chen

Seuil

  • Conseillé par (Libraire)
    18 septembre 2023

    Le roman magnifique de toutes les larmes

    Roman magnifique de toutes les larmes, "Ghost town" du taïwanais Kevin Chen, remarquablement traduit pour la première fois en français, allie une épaisseur romanesque à une finesse des émotions et des sensations.

    Roman magnifique de toutes les larmes, "Ghost town" du taïwanais Kevin Chen, remarquablement traduit pour la première fois en français, allie une épaisseur romanesque à une finesse des émotions et des sensations.

    Tienhong, le personnage principal de "Ghost town" est le dernier né d'une fratrie de sept enfants, composée de cinq sœurs ainées - quelle malédiction pour les parents dans ce village rural de Taïwan mais quelle belle et cocasse situation romanesque - et de deux garçons. Devenu écrivain, il revient dans son village natal le jour de la fête des fantômes après des années d'absence et un long séjour en Allemagne qui l'a conduit en prison. À travers la narration, dans laquelle les voix de fantômes familiaux font irruption, on découvre la vie du village de Yongjing et la destinée des membres de cette famille, la famille Chen - comme le nom de l'auteur - et ce qui a conduit Tienhong, ce petit frère, à l'exil puis à l'emprisonnement en Allemagne.
    À l'épaisseur des vies racontées et des relations entre les personnages s'allie une grande finesse des sensations tel le bruit de la pluie, si différent de Taïwan à Berlin ou des émotions comme celle gustative que produit, dans une scène inoubliable, un sandwich à l'ail des ours. "Ghost town" est un roman qui passe de l'aigre au doux, du chant aux pleurs, des espoirs des personnages à leurs déboires et de la drôlerie à la mélancolie. Il est le roman magnifique de toutes les larmes : larmes de bonheur, de tristesse, de rire, de tragédie et d'émotions. Car au cœur du roman, avec une grande subtilité, se glisse le sombre tableau d'une société qui réprouve l'homosexualité et la réprime politiquement mais aussi fait subir aux femmes mépris familial et violences conjugales. De ce roman de 430 pages d'une ampleur considérable, aucune ne manque et aucune n'est de trop. Une maestria qui vaut à son auteur Kevin Chen d'être lauréat du Grand Prix de littérature taïwanaise et à "Ghost town" d'avoir reçu à Taïwan l'équivalent du Prix Goncourt.