- EAN13
- 9782862314983
- Éditeur
- MAURICE NADEAU
- Date de publication
- 06/10/2023
- Collection
- POCHE
- Langue
- français
- Langue d'origine
- russe
- Fiches UNIMARC
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Autre version disponible
Varlam Chalamov, né à Vologda en 1907, accusé d’activités contre-
révolutionnaires trotskystes, a passé dix‑sept ans de sa vie dans les camps,
de 1937 à 1954. Sous le titre "Récits de Kolyma", il s'agit de la parution en
poche de la première édition en France en janvier 1969, du vivant de son
auteur, dans la collection des Lettres Nouvelles, abritée alors aux éditions
Denoël. Ces récits qui circulaient en URSS clandestinement, parvinrent à
Maurice Nadeau sous forme de micro-films. Après que Varlam Chalamov ait donné
son accord pour que ces récits paraissent sous son nom, les traducteurs, Katia
Kerel et Olivier Simon (alias Jean-Jacques Marie), qui faisaient face à un
énorme volume de textes, durent opérer un premier choix. Ce recueil
regroupait, en 250 pages imprimées de l'édition brochée, trois séries de
récits qui relatent l’internement de Varlam Chalamov dans les mines d’or de
Kolyma-Magadan en Sibérie, puis sa libération en 1953. Le choc que
provoquèrent ces textes hallucinants fut immédiat, bien que la presse
littéraire n'ait à cette époque guère traité comme elle l'aurait dû l'immense
talent de l'écrivain et ces témoignages de l’univers concentrationnaire
stalinien. L’ensembles des "Récits de la Kolyma" de Varlam Chalamov, décédé en
1982, fut par la suite publiée plus largement chez François Maspéro, au début
des années 80, avant la publication intégrale de l'édition Verdier en 2003.
Varlam Chalamov naît et vit son enfance et son adolescence dans la ville du
Grand Nord russe, Vologda. Il est le cadet des cinq enfants et le fils d'un
prêtre responsable de la paroisse de la cathédrale Sainte-Sophie de Vologda.
Il dispose d'une partie du presbytère à côté de la cathédrale (aujourd'hui
transformée en maison-musée Chalamov). La forte personnalité de son père,
contre laquelle Varlam se dresse, forge son caractère qui le soutiendra
pendant sa vie au bagne. Vers sa mère, effacée par les tâches ménagères d'une
grande famille, va tout l'amour et la compassion. Chalamov décrit son enfance
et son adolescence dans son récit La Quatrième Vologda écrit en 1968-1971 mais
publié seulement en 1985 à Paris et en 1988 dans son pays (avec des coupures).
Après la Révolution de 1917, Varlam Chalamov ne peut poursuivre ses études
universitaires à Vologda, il doit partir pour Moscou, où il réussit en 1923 le
concours d'entrée à la faculté de droit de l'université d'État de Moscou. Pour
payer ses études à l'université, Chalamov travaille dans une tannerie.
Chalamov entre dans un mouvement trotskiste, et conteste le pouvoir de
Staline, en particulier en diffusant de manière clandestine les Lettres au
Congrès du Parti, appelées ultérieurement le Testament de Lénine. Arrêté le 19
février 1929, il est envoyé pour trois ans dans un camp de travail à la
Vichera, dans l'Oural central. Chalamov revient à Moscou en 1932 et y
travaille comme journaliste et essayiste. Les Grandes Purges le renvoient au
Goulag : le 12 janvier 1937, Chalamov est arrêté pour « activité trotskiste
contre-révolutionnaire », condamné à cinq ans et envoyé à Djelgala dans la
Kolyma, région à l'extrême-est de l'URSS, au-dessus du cercle polaire
arctique, connue sous le nom de « pays de la mort blanche ». Étant condamné du
fait de l'« article 58 », son dossier pénitentiaire indique qu'il doit être
soumis aux travaux les plus durs, ceci dans le but de le faire mourir. Maintes
fois Chalamov souhaite la mort, littéralement affamé du fait de rations
insuffisantes, battu par les détenus de droit commun ou les gardes et surtout
du fait de journées de travail de plus de 16 heures dans les mines aurifères.
Le climat polaire implique de travailler parfois par moins 50 degrés. Mais,
par miracle, il survit. En 1943, toujours prisonnier, il écope d'une nouvelle
condamnation, de dix ans cette fois, et toujours à la Kolyma, pour « agitation
anti-soviétique » pour avoir considéré Ivan Bounine comme un classique de la
littérature russe. En 1946, au seuil de la mort, il ne peut plus travailler et
est envoyé à l'hôpital au lieu d'être exécuté. De plus, le détenu-médecin
Pantioukhov prend d'énormes risques pour le faire nommer aide-médecin.
Chalamov reçoit un salaire (très faible, mais qui va lui permettre d'acheter
des livres) et surtout améliore ses conditions d'existence : une plus grande
autonomie, une vraie ration de nourriture et surtout il ne travaille plus dans
une mine, mais dans un hôpital chauffé. Après une formation rapide, il gère
l'accueil des malades de l'hôpital. Ces changements ont été rendus possibles
par l'effacement, de manière non officielle, de son sigle 58 de son dossier
pénitentiaire du fait d'un juge d'instruction et d'une employée de
l'administration de la Kolyma. Rares gestes d'humanité à la Kolyma. Varlam
Chalamov est libéré en 1951, mais il doit rester à Magadan, la grande ville de
la région jusqu'en novembre 1953. La mort de Staline en mars 1953 change la
donne pour les prisonniers des camps. Chalamov peut quitter la Kolyma huit
mois après la mort de Staline en novembre 1953. Il retrouve son épouse, Galina
Ignatievna Goudz, qui l'a attendu tant d'années à Moscou (depuis 1937) et leur
fille Lena. Mais il rompt avec elle. Déportée au Kazakhstan après
l'arrestation de son mari, elle a officiellement divorcé en 1947 pour obtenir
l'autorisation de revenir à Moscou. Au retour de ce dernier, elle exige qu'il
ne révèle rien de son expérience des camps à sa fille. Celle-ci a été élevée
dans l'esprit du temps, c'est-à-dire : la patrie et la haine des ennemis du
peuple. Galina lui suggère de tout oublier pour retrouver une vie normale.
Mais Chalamov a sa vocation d'écrivain et sa vie ne sera plus que travail de
la mémoire et transcription dans ses récits. Chalamov ne peut revenir à Moscou
avant sa réhabilitation en 1956, il travaille dans une exploitation de tourbe
à Kalinine à 100 kilomètres au nord-ouest de la capitale. À Moscou, Chalamov
publie des essais et de la poésie dans des revues littéraires tout en
s'attelant à son œuvre majeure, les Récits de la Kolyma, dans laquelle il
raconte son expérience des camps. Les épreuves sont envoyées dans les pays
occidentaux en contrebande; le texte est aussi publié en URSS par samizdat.
Les Récits de la kolyma paraissent pour la première fois en 1969 et la
première édition en langue russe (mais à l'étranger) en 1978. En 1972,
Chalamov doit renier ses Récits, très probablement forcé par les pressions de
l'État. Le livre paraît en URSS en 1987. La mort de Chalamov est une métaphore
de sa vie : pauvre, affaibli, malade, il s'éteint dans un hôpital
psychiatrique moscovite en 1982. Il est enterré au cimetière de Kountsevo de
Moscou.
révolutionnaires trotskystes, a passé dix‑sept ans de sa vie dans les camps,
de 1937 à 1954. Sous le titre "Récits de Kolyma", il s'agit de la parution en
poche de la première édition en France en janvier 1969, du vivant de son
auteur, dans la collection des Lettres Nouvelles, abritée alors aux éditions
Denoël. Ces récits qui circulaient en URSS clandestinement, parvinrent à
Maurice Nadeau sous forme de micro-films. Après que Varlam Chalamov ait donné
son accord pour que ces récits paraissent sous son nom, les traducteurs, Katia
Kerel et Olivier Simon (alias Jean-Jacques Marie), qui faisaient face à un
énorme volume de textes, durent opérer un premier choix. Ce recueil
regroupait, en 250 pages imprimées de l'édition brochée, trois séries de
récits qui relatent l’internement de Varlam Chalamov dans les mines d’or de
Kolyma-Magadan en Sibérie, puis sa libération en 1953. Le choc que
provoquèrent ces textes hallucinants fut immédiat, bien que la presse
littéraire n'ait à cette époque guère traité comme elle l'aurait dû l'immense
talent de l'écrivain et ces témoignages de l’univers concentrationnaire
stalinien. L’ensembles des "Récits de la Kolyma" de Varlam Chalamov, décédé en
1982, fut par la suite publiée plus largement chez François Maspéro, au début
des années 80, avant la publication intégrale de l'édition Verdier en 2003.
Varlam Chalamov naît et vit son enfance et son adolescence dans la ville du
Grand Nord russe, Vologda. Il est le cadet des cinq enfants et le fils d'un
prêtre responsable de la paroisse de la cathédrale Sainte-Sophie de Vologda.
Il dispose d'une partie du presbytère à côté de la cathédrale (aujourd'hui
transformée en maison-musée Chalamov). La forte personnalité de son père,
contre laquelle Varlam se dresse, forge son caractère qui le soutiendra
pendant sa vie au bagne. Vers sa mère, effacée par les tâches ménagères d'une
grande famille, va tout l'amour et la compassion. Chalamov décrit son enfance
et son adolescence dans son récit La Quatrième Vologda écrit en 1968-1971 mais
publié seulement en 1985 à Paris et en 1988 dans son pays (avec des coupures).
Après la Révolution de 1917, Varlam Chalamov ne peut poursuivre ses études
universitaires à Vologda, il doit partir pour Moscou, où il réussit en 1923 le
concours d'entrée à la faculté de droit de l'université d'État de Moscou. Pour
payer ses études à l'université, Chalamov travaille dans une tannerie.
Chalamov entre dans un mouvement trotskiste, et conteste le pouvoir de
Staline, en particulier en diffusant de manière clandestine les Lettres au
Congrès du Parti, appelées ultérieurement le Testament de Lénine. Arrêté le 19
février 1929, il est envoyé pour trois ans dans un camp de travail à la
Vichera, dans l'Oural central. Chalamov revient à Moscou en 1932 et y
travaille comme journaliste et essayiste. Les Grandes Purges le renvoient au
Goulag : le 12 janvier 1937, Chalamov est arrêté pour « activité trotskiste
contre-révolutionnaire », condamné à cinq ans et envoyé à Djelgala dans la
Kolyma, région à l'extrême-est de l'URSS, au-dessus du cercle polaire
arctique, connue sous le nom de « pays de la mort blanche ». Étant condamné du
fait de l'« article 58 », son dossier pénitentiaire indique qu'il doit être
soumis aux travaux les plus durs, ceci dans le but de le faire mourir. Maintes
fois Chalamov souhaite la mort, littéralement affamé du fait de rations
insuffisantes, battu par les détenus de droit commun ou les gardes et surtout
du fait de journées de travail de plus de 16 heures dans les mines aurifères.
Le climat polaire implique de travailler parfois par moins 50 degrés. Mais,
par miracle, il survit. En 1943, toujours prisonnier, il écope d'une nouvelle
condamnation, de dix ans cette fois, et toujours à la Kolyma, pour « agitation
anti-soviétique » pour avoir considéré Ivan Bounine comme un classique de la
littérature russe. En 1946, au seuil de la mort, il ne peut plus travailler et
est envoyé à l'hôpital au lieu d'être exécuté. De plus, le détenu-médecin
Pantioukhov prend d'énormes risques pour le faire nommer aide-médecin.
Chalamov reçoit un salaire (très faible, mais qui va lui permettre d'acheter
des livres) et surtout améliore ses conditions d'existence : une plus grande
autonomie, une vraie ration de nourriture et surtout il ne travaille plus dans
une mine, mais dans un hôpital chauffé. Après une formation rapide, il gère
l'accueil des malades de l'hôpital. Ces changements ont été rendus possibles
par l'effacement, de manière non officielle, de son sigle 58 de son dossier
pénitentiaire du fait d'un juge d'instruction et d'une employée de
l'administration de la Kolyma. Rares gestes d'humanité à la Kolyma. Varlam
Chalamov est libéré en 1951, mais il doit rester à Magadan, la grande ville de
la région jusqu'en novembre 1953. La mort de Staline en mars 1953 change la
donne pour les prisonniers des camps. Chalamov peut quitter la Kolyma huit
mois après la mort de Staline en novembre 1953. Il retrouve son épouse, Galina
Ignatievna Goudz, qui l'a attendu tant d'années à Moscou (depuis 1937) et leur
fille Lena. Mais il rompt avec elle. Déportée au Kazakhstan après
l'arrestation de son mari, elle a officiellement divorcé en 1947 pour obtenir
l'autorisation de revenir à Moscou. Au retour de ce dernier, elle exige qu'il
ne révèle rien de son expérience des camps à sa fille. Celle-ci a été élevée
dans l'esprit du temps, c'est-à-dire : la patrie et la haine des ennemis du
peuple. Galina lui suggère de tout oublier pour retrouver une vie normale.
Mais Chalamov a sa vocation d'écrivain et sa vie ne sera plus que travail de
la mémoire et transcription dans ses récits. Chalamov ne peut revenir à Moscou
avant sa réhabilitation en 1956, il travaille dans une exploitation de tourbe
à Kalinine à 100 kilomètres au nord-ouest de la capitale. À Moscou, Chalamov
publie des essais et de la poésie dans des revues littéraires tout en
s'attelant à son œuvre majeure, les Récits de la Kolyma, dans laquelle il
raconte son expérience des camps. Les épreuves sont envoyées dans les pays
occidentaux en contrebande; le texte est aussi publié en URSS par samizdat.
Les Récits de la kolyma paraissent pour la première fois en 1969 et la
première édition en langue russe (mais à l'étranger) en 1978. En 1972,
Chalamov doit renier ses Récits, très probablement forcé par les pressions de
l'État. Le livre paraît en URSS en 1987. La mort de Chalamov est une métaphore
de sa vie : pauvre, affaibli, malade, il s'éteint dans un hôpital
psychiatrique moscovite en 1982. Il est enterré au cimetière de Kountsevo de
Moscou.
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