Le silence des géants, roman
EAN13
9782809802061
ISBN
978-2-8098-0206-1
Éditeur
Archipel
Date de publication
Collection
Roman français
Nombre de pages
244
Dimensions
22,5 x 14 cm
Poids
328 g
Langue
français
Code dewey
804
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Le silence des géants

roman

De

Archipel

Roman français

Indisponible

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ArchiMYSTÈRE
dirigée par Hervé Milhau

DU MÊME AUTEUR

La Sirène rousse,Éditions de La branche, 2008.

Balle perdue,Éditions du Seuil, 2007.

Rue des absents,Éditions Atelier IN8, 2006.

Le magot de Solange,Éditions Atelier IN8, 2006.

Cayenne, mon tombeau, Flammarion, 2002.

Sur la route de Bauliac,Éditions Baleine, « Série Grise », 2000.

Une marque d'enfer, Albin Michel, « Le Furet », 1999.

Les ardoises de la mémoire, Gallimard, « Série Noire », 1999.

Avis déchéance, Gallimard, « Série Noire », 1998.

Causse toujours !,Éditions Baleine, « Le Poulpe », 1997.

www.editionsarchipel.com

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eISBN 978-2-8098-0962-6

Copyright © L'Archipel, 2009.

Pour Armand Segond, né une nuit de neige.

Pour Manu Cèbe, Thierry Loew et les autres complices du festival « Pas serial s'abstenir » de Besançon.

En mémoire de Frédéric Bressange.

« Tout vient d'hier. Que puis-je faire ? Mon passé, je viens ici le noyer, mais mon présent ne sait pas nager. Il pouffe de rire. Bon Dieu, j'espère que mon avenir flotte ! »

Ripley Bogle
Robert McLiam Wilson

« Son corps allait de l'avant mais son esprit, lui, restait là, troué, telles ces éoliennes miniatures que les enfants plantent dans le sol pour les regarder tourner sur elles-mêmes au gré du vent. »

En contrebas
Franck Magloire

PROLOGUE

Digne-les-Bains, 28avril 2009

Sac au dos, Julie marchait sur une poutrelle comme une funambule. Des phares balayèrent le pont métallique, dévoilant son visage rougi par le froid. Ses cheveux blonds brillaient dans la nuit. Elle plissa les yeux et continua d'avancer sur le parapet, bras écartés.

La vibration la fit sursauter. Elle s'agrippa à un câble et s'arrêta. Son mobile vibrait dans la poche ; un énième appel sans écho. Elle ne pensait plus qu'au dossier dans la chemise cartonnée, surtout la lettre. Si Julie la divulguait, elle briserait plusieurs existences.

Ce secret lui pesait, un secret qui pouvait envoyer deux hommes en prison. Et comment réagirait le troisième en apprenant la vérité ? Leur avenir se trouvait entre ses mains. Oublier sa découverte ? Détruire le dossier? Partir à sa recherche ? Rebrousser chemin ? Elle prendrait sa décision cette nuit.

Deux semaines avant, elle avait lu un courrier adressé à son père. Sans un mot, il avait déchiré le contenu de l'enveloppe – postée du Québec – dans la poubelle de la cuisine et changé de sujet de conversation. « Papa, tu dois faire quelque chose. » Aucune réaction. Le repas terminé, il avait vidé la poubelle de la cuisine dans celle du trottoir. Julie, ses parents endormis, avait récupéré les morceaux et reconstitué le puzzle. Depuis, elle ne se séparait plus du passeport, de la longue lettre manuscrite et des coupures de presse. Soufflerait-elle sur les braises d'un silence de vingt et un ans ?

Julie posa les yeux sur les quais envahis par les hautes herbes. Le prochain train pour Nice était à 7 h 29, l'argent du billet dans son portefeuille. L'unique wagonnet quitterait la gare dans moins de quatre heures. Les rires de son grand-père emportés par un vent d'été, plus personne pour la rassurer et la guider. Première fois aussi seule.

— J'en ai marre, murmura-t-elle, paupières mi-closes.

— T'es complètement folle ! cria une femme en la tirant d'un coup sec.

Le genou de Julie heurta le sol. Elle grimaça de douleur et se releva, prête à remonter sur le parapet. La femme l'éloigna de la bordure du pont.

— Laissez-moi !

La femme, environ quarante ans, cheveux bruns très courts, lui tenait le poignet. Julie tenta de se libérer, sans succès.

— Calme-toi.

Quelques mètres derrière elles, un colosse d'une cinquantaine d'années attendait. Visage marqué, un bonnet noir vissé sur une tignasse blanche. Il portait deux sacs de sport, un autre à ses pieds.

— Lâchez-moi !

— Je te lâcherai que si t'es calmée.

Julie lui mordit le bras.

— P'tite conne !

La gifle sonna Julie.

Main sur sa joue, elle fixa la femme avec un regard dur qui tranchait avec sa frêle silhouette ; pas du tout le genre de jeune fille à traîner en pleine nuit. Ni l'une ni l'autre ne voulaient baisser les yeux.

— T'as trop picolé, la gosse.

Julie fronça les sourcils.

— Lâchez-moi !

Elle lui libéra le poignet.

— Rentre chez toi.

— Je fais ce que je veux.

— Écoute...

— Laisse tomber, Fabienne, intervint le colosse, on n'est pas des nounous.

Julie le toisa.

— Je vous ai rien demandé, vous.

Le regard de l'homme la glaça.

— Un de perdu, murmura Fabienne avec un petit sourire, dix de retrouvés.

Julie haussa les épaules.

— C'est pas ça !

— Qu'est-ce qui t'arrive alors ?

La voix de Fabienne s'était adoucie. L'homme se racla la gorge. Elle lui adressa un geste de patience et insista :

— Tu vas me dire ce qui se passe.

Julie se mordilla l'intérieur des joues.

— Je ne peux pas.

— Rentre chez toi.

Julie s'accouda plus loin.

— C'est bon, c'est bon, je vais rentrer. J'ai bien le droit de me balader un peu.

Fabienne évita de croiser le regard de l'homme, qui piétinait d'impatience et s'approcha d'elle. Sa main s'arrêta près de l'épaule de Julie.

— Tu habites loin ?

Julie se tourna et la regarda comme si elle venait de se rendre compte de sa présence.

— ...

— Tu habites où ?

Elle eut un geste vague.

— Près du musée de Gassendi.

— Bon, tu...

Le mobile de Julie vibra.

— Arrêtez d'appeler !Je ne répondrai pas ! gueula-t-elle en cognant contre sa poche.

— Rentre te coucher.

Julie tourna de nouveau le dos à Fabienne.

— Je fais ce que je veux.

— Écoute, tu...

— On y va, maintenant, grommela l'homme.

Fabienne ne bougea pas.

— On peut pas la laisser comme ça, Dan.

Le géant s'éloigna à grandes enjambées.

— C'est ça, cassez-vous ! J'ai besoin de personne. Je vais me débrouiller toute seule.

Fabienne essaya encore de la convaincre de rentrer.

— Rejoignez votre mec, vous !

Agacée, elle ramassa son sac et accéléra le pas pour rejoindre Dan.

Julie grimpa sur la poutrelle.

1

Mon histoire s'arrêta à jamais le 20 juin 1987. Sans m'en douter, je venais de franchir une frontière. Un voyage sans retour ni départ. Et aujourd'hui, quatorze ans après, je te dois la vérité, une vérité avec une très grande zone d'ombre. Je vais cesser de mentir, ne plus fuir cette histoire qui est la mienne. Quand ce récit sera achevé, je te le donnerai à lire. Et tu sauras tout.

Ce jour-là, j'étais allongé sur un rocher. J'avais la gorge très sèche, le corps brûlé par le soleil. Depuis combien de temps étais je là ? Je n'en savais rien. Et aucune idée de l'endroit où je me trouvais. Pas plus du jour. Des bruits de moteur troublaient le silence à intervalles irréguliers. Ma tête était comme entièrement vide. Rien à part la falaise, le ciel bleu et lisse, parfois un vol d'oiseau ou d'avion. Une douleur revenait souvent, elle vrillait mon crâne et absorbait tout le reste. J'étais comme dans un trou noir. D'ailleurs, cette scène que je reconstitue de mémoire doit receler des inexactitudes. À part les sensations physiques ressenties durant toutes ces heures passées dans la forêt.

J'entendis un bruit. Mon premier réflexe fut d'essayer de me lever. Impossible de faire le moindre mouvement, même pas tourner la tête de quelques millimètres. Je ne sentais plus mes bras ni mes jambes. Seuls mes yeux, mes narines et mes oreilles semblaient encore fonctionner normalement. Que pouvait bien être ce bruit ? Je mis un très long moment avant de comprendre qu'il s'agissait de crissements de pas. À gauche ? À droite ? Au-dessus ? Ils s'interrompirent un instant, puis reprirent, de plus en plus près.

Des cailloux mêlés de terre glissèrent sur moi. Puis le silence. Et de nouveau les pas, d'autres cailloux encore. Des voix résonnèrent. Je distinguai celle d'un homme et d'une femme. Sans aucun doute à quelques mètres au-dessus. Fallait absolument les prévenir de ma présence. Malgré mes efforts pour parler, aucun son ne sortait de mes lèvres. Je tentai encore une fois. Rien... Que se ...
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