Le livre noir de la santé
EAN13
9782841879632
ISBN
978-2-84187-963-2
Éditeur
Archipel
Date de publication
Collection
Roman français
Nombre de pages
353
Dimensions
22,5 x 14 cm
Poids
350 g
Langue
français
Code dewey
362.109
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Le livre noir de la santé

De

Archipel

Roman français

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DU MÊME AUTEUR

Aznavour : « Sur ma vie », Pygmalion, 1977.

Génération galère : huit millions de jeunes dans la tourmente , Albin Michel, 1993.

Et vos promesses aux jeunes, monsieur le Président ?, Albin Michel, 1996.

www.editionsarchipel.com

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Et, pour le Canada, à
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Montréal, Québec, H3N 1W3.

eISBN 978-2-8098-1214-5

Copyright © L'Archipel, 2007.

Avant-propos

Ce livre est un constat. Un constat inquiétant, dont les éléments sont puisés aux meilleures sources. C'est aussi un cri d'alerte. Sans crainte de déranger, il invite le lecteur dans l'envers du décor et révèle un monde de la santé plus malade encore qu'on ne le dit. Parce que la qualité de notre système de soins ne peut laisser personne indifférent, il concerne directement et personnellement chacun de nous.

Tout ce qui est exposé dans ces pages repose sur des faits précis, des témoignages qualifiés et des rapports officiels. Face à un état des lieux qui renvoie à des responsabilités autant collectives qu'individuelles, ces révélations appellent à une prise de conscience générale. On aurait tort d'y voir une volonté de porter atteinte à un système de soins certes très malade, mais encore debout. Aujourd'hui, la principale urgence est celle de la vérité. La somme de ses dysfonctionnements et de ses handicaps expose au déclin cette médecine d'excellence et provoque chez ceux qui l'exercent grogne et découragement.

Sans l'incroyable énergie et le dévouement exemplaire de milliers de chirurgiens, de médecins, d'infirmières, de personnels soignants ou non, de travailleurs sociaux, notre édifice de santé se serait déjà effondré comme un château de cartes. Face aux abus, aux négligences, aux incompétences de ceux – trop nombreux – qui prennent le risque de mettre notre système en danger de mort, il est nécessaire de rendre hommage à ces professionnels compétents et engagés qui, quotidiennement, dans l'ombre, sauvent des vies et pansent les plaies de ceux qui souffrent et, pour certains, qui s'avancent vers la mort. Principaux témoins et souvent victimes d'un système ubuesque et sclérosé, ces « artisans de la santé » retrouveront dans les pages qui suivent les dures réalités de leur quotidien. Ce cri d'alerte est aussi le leur.

Tout n'est plus permis. Les assurés sociaux, les professionnels de la santé, les administrations, les responsables politiques ne peuvent plus se renvoyer la responsabilité des incroyables dysfonctionnements qui, jusque-là, ont résisté à toutes les réformes. Puisse ce Livre noir annoncer l'heure de vérité de notre secteur de santé.

1

LE MEILLEUR SYSTÈME DE SANTÉ AU MONDE ?

La France a le meilleur système de santé au monde, et c'est l'OMS qui l'affirme ! Le 21 juin 2000, beaucoup se laissent aller à pousser un retentissant cocorico, ivres d'orgueil et rassurés sur le génie national : non seulement la France est championne du monde de football, mais elle domine aussi le reste de la planète dans le domaine vital de la santé... Le Premier ministre, Lionel Jospin, exulte. La secrétaire d'État à la Santé, Dominique Gillot, n'a pas le plaisir de jubiler longtemps car, le jour même, son envahissante patronne, Martine Aubry, ministre de l'Emploi et de la Solidarité, numéro deux du gouvernement, lui enjoint de se taire pour la laisser seule face aux micros et aux caméras ! La « dame des 35 heures » est durement secouée par la mise en place du second volet de sa loi sur la réduction du temps de travail, et cette bonne nouvelle fait pour elle office de salutaire ballon d'oxygène.

La première analyse des systèmes de santé effectuée sur les cinq continents auprès des 191 États membres par l'Organisation mondiale de la santé (OMS) place la France en tête du classement. Personne ne s'y attendait : ni les experts, qui tirent la sonnette d'alarme depuis une quinzaine d'années, ni les économistes, effrayés par les déficits abyssaux et récurrents des comptes sociaux, ni les professionnels de la santé, témoins de la dégradation bien réelle de leurs conditions de travail et de la qualité des soins.

À l'Élysée, où il ronge son frein depuis qu'il est contraint à une cohabitation conflictuelle, Jacques Chirac apprend la bonne nouvelle par une dépêche de l'Agence France-Presse. La veille, de Genève, la directrice générale de l'OMS, la Norvégienne Gro Harlem Brundtland, a bien cherché à lui faire passer le message, mais sans y parvenir. L'information semble si invraisemblable au Président qu'il demande à son conseiller pour les Affaires sociales, Frédéric Salat-Baroux, de joindre l'OMS pour vérification...

La France est bien en tête du classement mondial, suivie notamment de l'Italie, de l'Espagne, du sultanat d'Oman, de l'Autriche et du Japon. De micro-États comme Saint-Marin, Andorre ou Malte campent aux toutes premières places. Le Royaume-Uni est au dix-huitième rang et les États-Unis au trente-septième, ce qui va alimenter quelques commentaires antiaméricains dans les déclarations triomphantes des gouvernants français.

Sans attendre, les experts éberlués se penchent sur les critères et autres indicateurs de performance utilisés par l'OMS, dont beaucoup sont institués selon des logiques d'organisation et de prise en charge radicalement opposées. Un peu dubitatifs, ils découvrent que la très technocratique méthode d'évaluation, jamais utilisée jusque-là pour les systèmes de santé, repose sur cinq critères : le « niveau de santé général » de la population, les « inégalités ou disparités de santé » dans ladite population, le « degré général de réactivité du système » (mise en adéquation des moyens et de la satisfaction des malades), la « distribution de la réactivité dans la population » (satisfaction des patients en fonction de leur niveau économique) et enfin la « répartition de la charge du financement du système » (au sein de la population, c'est-à-dire qui assume les coûts).

Il apparaît immédiatement que les données, fournies par les États eux-mêmes sous leur responsabilité et selon des méthodes statistiques très variables d'un pays à l'autre, ont été obtenues par de pures équations informatiques. L'utilisation de critères semblables pour comparer par exemple les situations en Andorre et aux États-Unis conduit les spécialistes à s'interroger sur la crédibilité d'une telle évaluation, rudement contestée dans de nombreux pays.

Ce palmarès mondial a toutefois le mérite d'exister... et de souligner quelques vérités trop connues sur la piètre condition sanitaire des populations les plus déshéritées : « Les pauvres sont traités avec moins de respect que les autres, ils sont moins à même de choisir les prestataires de services et ils sont soignés dans des conditions moins satisfaisantes. [...] En payant de leur poche pour améliorer leur santé, ils deviennent seulement plus pauvres », soutient le Dr Gro Harlem Brundtland dans sa déclaration à la presse le 21 juin 2000. « Fallait-il dépenser autant de millions de dollars pour en arriver à de telles lapalissades ? », ont demandé à haute voix ceux qui reprochent à l'OMS d'être devenue un outil trop coûteux et trop lourd à gérer.

Heureusement, le rapport de l'OMS est loin d'être inutile. Il pointe les « quatre principales lacunes » dont souffrent nombre de systèmes de santé dans le monde. Où l'on découvre que la France, bien que première au classement, se trouve indirectement mise en cause pour trois d'entre elles.

1) « De nombreux ministères de la Santé privilégient le secteur public aux dépens du secteur privé des soins de santé, qui est souvent bien plus important. » C'est le cas de la France, qui laisse filer les dépenses dans le secteur hospitalier sans oser y entreprendre les réformes nécessaires.

2) « Dans de nombreux pays, certains médecins, sinon la totalité, travaillent simultanément pour l'État et à titre privé. Cela revient finalement à faire subventionner une médecine libérale non officielle par le secteur public. » C'est toujours le cas de la France, où de nombreux médecins hosp...
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