Le bon Sarrasin dans le roman médiéval, 1100-1225

Le bon Sarrasin est au coeur du roman médiéval dont il préside et explique en partie la naissance. Gemme orientale rayonnant de mille feux, il éclaire la poétique de l'altérité et avec elle un Moyen Âge de la tolérance. Déployant multiples facettes, le bon Sarrasin est à la fois ombre et chair, fer et parchemin, plume et épée, spéculaire ou spectaculaire, merveille et banalité. C'est l'ennemi à convertir. C'est l'adversaire à respecter. C'est la femme musulmane à aimer. Il se place au carrefour des coordonnées esthétique, sociale et théologique de l'imaginaire médiéval. Issu de la guerre des matières narratives, hybride comme les premières formes romanesques, il fait de la chevalerie, elle aussi agôn, un langage qui peut réparer la fracture de Babel. Il incarne la morale universelle de l'homme, au-delà des religions, mais également le juste promis à la rédemption, pilier de l'anthropologie paulinienne.