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Éditions de L'Olivier

19,50
Conseillé par
10 mai 2013

Jouer son amour au casino

C’est un des auteurs américains les plus doués de sa génération. Comme Jonathan Franzen ou Jeffrey Eugenides, entre parenthèses tous deux traduits comme lui chez L’Olivier, il sait ausculter tout un pays à travers une histoire privée, mais Stewart O’Nan possède ce talent si particulier de l’ellipse, de la suggestion, un humour bien à lui, une empathie avec ses personnages et un don pour écrire sur plus âgé que lui. Au cœur de son travail : la vie désertique des femmes de la middle-class.

Marion a épousé Art qui était amoureux d’elle. Ils étaient jeunes, ils ont eu deux enfants, un garçon et une fille. Marion a voulu une belle maison et Art a travaillé dur pour la lui payer. Puis Art a trompé Marion avec Wendy et Marion s’est battue pour garder son mari, mais ensuite elle n’a plus vraiment su quoi faire de lui. Vingt ans après, il tente toujours de se faire pardonner cet adultère honteux, alors que le souvenir de Wendy, secrètement, le poursuit. Et puis les enfants sont partis vivre leur vie, la crise de 2008 est arrivée, Art a été licencié, Marion aussi, et maintenant il va falloir vendre la belle maison. Ils doivent même divorcer pour tenter de sauver les meubles. Alors les voilà en voyage au Canada, pour jouer au Casino et tenter de se refaire. Les chutes du Niagara, ils y étaient venus quand ils étaient jeunes.

Drôle de week-end, raté parce que glacial, où chacun réfléchit dans son coin à leur vie de couple et leur jeunesse perdue. S’aiment-ils ? Sûrement, mais ils ne savent plus comment se le dire. Marion se raidit dès qu’Art s’approche. Il a l’impression d’avoir toujours tout raté. Derrière eux, une certaine Amérique, si confiante dans les années soixante et soixante-dix, qui se réveille avec la gueule de bois.

Ce livre est dans la droite ligne des précédents ouvrages de Stewart O’Nan, presque tous disponibles en poche aujourd’hui. Toujours de merveilleux textes où la subtilité des sentiments est auscultée avec bienveillance par l’auteur, qui ne nous raconte jamais entièrement la vie de ses personnages, en ménageant des zones d’ombre, ce qui lui évite de tomber dans la démonstration, l’explicatif, la surcharge. Dans " Emily " (2012), il se faufilait dans la peau d’une veille dame, qui vivait toute seule dans un lotissement. On se souvient aussi de " Chanson pour l’absente " (2010), qui décrivait avec justesse la vie d’une bande de jeunes coincés dans une banlieue verte et ennuyeuse, et le huis clos de " Les joueurs " n’est pas sans rappeler " Nos plus beaux souvenirs " (2005), quand une mère âgée réunissait pour un week-end ses enfants et petits-enfants dans le cottage familial, juste avant qu’il ne soit mis en vente. Toujours, O’Nan, décrit la fin d’un monde, celui du mythe américain, la vacuité de la vie bourgeoise, la tristesse des couples. Mais il le fait sans aigreur, laissant une chance à ses personnages.

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Conseillé par
8 mai 2013

Bourreaux et victimes

Âmes sensibles s’abstenir ! Le nouveau thriller de Karine Giébel est sanglant, étouffant, oppressant. Il n’est donc pas fait pour les admirateurs d'Agatha Christie et autres polars délicats, mais plutôt pour les amateurs de romans très noirs, pour tous ceux qui veulent trembler en tournant les pages. On vous aura prévenu ! Un casse place Vendôme tourne mal. Une passante meurt, un policier reçoit une balle. Un des malfrats, William, le jeune frère de Raphaël, le chef de bande, est lui-aussi grièvement blessé. Il faut s’enfuir, vite, trouver une planque, la plus isolée qui soit, et un médecin. Essayer de se faire oublier malgré les trois millions de bijoux dérobés. Une vétérinaire sera choisie au hasard et sa maison réquisitionnée. Impossible d’en raconter davantage : sachez seulement que rien ne se passera comme vous ne l’imaginez. Entre deux scènes terribles, Karine Giébel réussit pourtant à nous parler des liens qui unissent les protagonistes : fraternel pour les uns, équivoque pour les autres. C’est d’ailleurs l’une des qualités de ce livre : l’auteure ne perd jamais de vue l’humanité de ses personnages, même les plus ignobles. Si elle ne les excuse jamais, elle tâche, à sa manière, de nous faire comprendre comment ils en sont arrivés là. On sort de ce roman exsangue, fourbu, avec la furieuse envie de s'extirper de ce huis-clos, d’aller prendre l’air. Tout en sachant que ce " Purgatoire des Innocents "_ _ne nous lâchera pas de sitôt…

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Christian Bourgois

18,00
Conseillé par
7 mai 2013

Le temps n'existe pas

Comment appréhender le temps ? D’ailleurs existe-t-il ? Seule la transformation des êtres, des lieux prouve son existence mais à supposer que l’on gomme toute modification qu’adviendrait-il du temps ? C’est à cette spéculation intellectuelle que nous invite Martin Suter dans son dernier roman aussi ingénieux que déroutant.

Peter Taler, comptable d’une quarantaine d’années, mène une existence terne depuis l’assassinat de son épouse un an plus tôt, abattue au pied de son immeuble. L’enquête n’a rien donné et le coupable court toujours. Sa seule distraction, siroter une bière en fin de journée à son balcon. Or, ce jour -là une impression étrange s’empare de lui. Quelque chose s'est modifié, mais quoi ? Il serait bien incapable de le dire, les maisons, les jardins du voisinage semblent inchangés. Pourtant, le sentiment d’étrangeté ne le quitte pas. En face de chez lui, il y a cet homme curieux qui l’observe en jardinant et le photographie. Lorsqu’il lui rend visite, Taler découvre un homme singulier et déprimé. Knupp est âgé, veuf depuis une vingtaine d’années et vit dans le souvenir de sa femme. Il n’a touché à rien depuis la disparition de Martha. Le vieil homme lui fait part de sa théorie. « Le temps n’existe pas. Seul indice du passage du temps, la modification. En supprimant la modification, on efface le temps. »  Knupp va entraîner son voisin dans une folle entreprise : recréer à l’identique une journée, vingt ans plus tôt juste avant la disparition de Martha. Les choses redeviendront telles qu’elles étaient alors et Knupp en est certain, il retrouvera sa femme. Bien que désarçonné par le projet, Taler accepte d’y participer. Les deux hommes développent des trésors d’ingéniosité et dépensent des fortunes pour reconstituer la petite ruelle telle qu’elle était ce 11 octobre 1991. Et lorsque le jour fatidique arrive….

Martin Suter bâtit ici une intrigue invraisemblable dans laquelle on se laisse prendre avec délice.  La rigueur du style, le déroulement sans faille du récit font qu’à l’instar de Taler on finit par y croire. Et si c’était vrai ? « Le temps, le temps » est un livre réjouissant.

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Conseillé par
7 mai 2013

Le coup de cœur de Pascale Frey

On s'est noyé  avec elle dans " Les Déferlantes ", qui a commencé sa carrière doucement, puis est monté en puissance avant de remporter le prix des lectrices de ELLE et de squatter la tête des meilleures ventes pendant de longs mois. On oublie parfois que Claudie Gallay écrivait déjà depuis un petit moment, ce qui lui a permis de garder la tête froide et de ne pas perdre son regard bleu candide face à cette autre déferlante qu'est un énorme succès. Elle avait donc publié cinq romans, dont " Seule Venise " qui reste mon préféré. Je dois reconnaître que dès qu'un roman ou un film se passe au bord de la lagune, j'ai tendance à me laisser embarquer en gondole, sans trop chipoter sur la qualité. Ce n'est pas la cas ici, ce livre est excellent. Claudie Gallay réussit un récit intimiste qui fait certes la part belle au décor, mais aussi à la littérature, à la peinture et aux voyages intérieurs. L'héroïne, ravagée par une rupture amoureuse, décide d'aller noyer son chagrin à Venise, en plein hiver. Elle loge dans une pension un peu décatie, fait la connaissance d'un aristocrate russe, se rapproche d'un libraire amoureux des ouvrages anciens et qui lui fait découvrir un peintre, Zoran Music, hanté par l'holocauste. Claudie Gallay excelle dans les atmosphères, et celle qui se dégage de ces pages a un charme tout particulier. " Seule Venise " existait déjà en poche, mais il vient de ressortir dans la collection " J'ai Lu ". L'occasion idéale pour le découvrir si vous ne l'avez pas encore fait, et pour patienter jusqu'à fin août. Que se passe-t-il fin août? Et bien c'est la rentrée littéraire bien sûr, et Claudie Gallay en sera.

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Conseillé par
6 mai 2013

A ne manquer sous aucun prétexte

Si vous avez envie de vous couper du monde,  n’hésitez pas et  plongez dans le dernier Lars Kepler.  Vous  deviendrez indisponible à votre entourage tant que vous n’aurez pas tourné la dernière page.

La Suède, de nos jours. Birgittagarden,  une institution de réhabilitation psychique pour  jeunes filles de 12 ans à 17 ans. Mélanie, l’une des pensionnaires est découverte sans vie,  la tête fracassée, les mains protégeant son visage.  A quelques centaines de mètres dans une cabane, git Elisabet Grim, l’infirmière responsable ce soir- là au centre,  le crâne et la partie supérieure du visage défoncés.  Les scènes de crime sont insoutenables et d’une violence inouïe.   Une autre jeune fille, la délicate Vicky Bennett, a disparu. Elle a fui laissant sa  chambre dans un désordre indescriptible, ses draps et une couette imbibés de sang, un marteau ensanglanté,  dissimulé sous l’oreiller. Tout  indique qu’elle est la coupable. Pourtant ni Daniel Grim, l’éducateur de Birgittagarden et mari d’Elisabet, ni l’inspecteur Joona Linna de la Rikskrim, venu en observateur, ne croient à sa culpabilité. Très vite, on signale l’enlèvement d’un petit garçon de 4 ans, Dante. Il semblerait qu’il ait été kidnappé par Vicky. Une course à la montre s’engage pour retrouver  les fugitifs d’autant qu’une l’enquête rapide sur le passé de Vicky révèle les contours d’une personnalité instable  d’une grande dangerosité. N’a-t-elle pas tailladé les visages d’une mère et de son fils ? Malgré ces indices, Joona Linna n’en démord pas : Vicky  est innocente. L’inspecteur est d’autant plus sensible au drame qui se joue que des années auparavant, son épouse et leur fille se sont volatilisées et qu’ils cherchent depuis leur trace.

Après « L’hypnotiseur » et « Le Pacte », le couple Ahndoril signe sous le pseudonyme habituel de Lars Kepler un nouvel opus particulièrement réussi. Intrigue serrée, rebondissements à répétition, tension tout au long des pages, « Incurables » est mené tambour battant sans une seconde de répit. A ne manquer sous aucun prétexte.

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