Librairie coiffard

Conseillé par (Libraire)
14 avril 2020

Conseillé par Coralie

Le Dr Augustus Voorhees est le "médecin avorteur" du centre des femmes de Muskegee Falls dans l'Ohio. Passioné par son métier, il se consacre pleinement à son activité, aide les femmes qui ont en besoin, parfois au détriment de sa famille.
Le 2 novembre 1999, Luther Dunphy, un homme profondément croyant va tuer le médecin. Fervent activiste depuis quelques temps des églises qui pénalisent l'avortement et le droit des femmes à disposer de leurs corps, il se donne pour mission d'assassiner cet homme, qui apparait sur la liste épouvantable des médecins à abattre.
Après avoir tiré sur Augustus Vorrhees, il tue aussi l'homme qui l'accompagne chaque matin pour le protéger. Juste après, il se rend, sans se défendre.
Au fil de ses différents procès, il ne se défendra pas, annonçant que Dieu seul peut le sauver et qu'il lui fait entièrement confiance.

Au-delà de toutes ces croyances et des différences entre les deux hommes, Joyce Carol Oates nous donne à suivre leurs deux filles : Naomi Voorhees et Dawn Dunphy, obsédées par l'histoire de leurs pères respectifs. Au fil des 900 pages de ce roman, les deux jeunes filles vont grandir, sombrer, apprendre à vivre avec le manque et la tragédie, résister et se battre, chacune à leur manière.
Cette histoire qui ne leur appartient pas les a construites, forgées, fragilisées et rendues plus sensibles au monde qui les entoure.
Joyce Carol Oates nous raconte, sans prendre parti, l'histoire contemporaine du peuple américain, entre tradition et modernité, entre colère, solitude et apaisement.

Conseillé par (Libraire)
10 avril 2020

Conseillé par Marie-Laure

Un premier roman qui fait la part belle aux femmes et à la transmission. V. vient de perdre sa mère. Elle vivait recluse dans un petit village de la Gaspésie et « esti que c’est loin ». Elle s’est jetée dans le Saint-Laurent, fleuve majestueux qui a vu passer trois générations : Claire la grand-mère, Frida la mère et notre narratrice, V. la petite fille. Chacune, à leur façon, ont cherché la parfaite falaise. Trois femmes qui ont couru toute leur vie pour finalement, toujours revenir.
V. se rend au village natal, accompagnée de sa petite sœur, jeune fille adorable qui « chie de la lumière » afin de vider la maison familiale. Finalement, elle décide d’y rester seule, ne sachant pas trop pourquoi. Elle va découvrir les cahiers intimes de sa grand-mère qui rêvait de retrouver « la plus belle falaise d’Islande ». Elle va aussi rencontrer sa « renarde », Chloé. Un voyage d’abord intérieur, plein de sensualité qui finira à l’autre bout du monde sur les traces de son aïeule. V. a toujours tenté de renier l’héritage d’une mère trop fantasque. Ce cocon qu’elle se fabriquera dans cette maison du bout du monde lui permettra de mieux l’approcher. Un texte onirique et poétique où la langue familière se mêle aux expressions québécoises et tournures poétiques telles que « Je souris triste » ou « Le cœur me bat dans la gorge ». Un roman intimiste et sublime que nous lisons au son des vagues qui se cognent contre la falaise.
« JE PENSE QUE JE SUIS BRISEE.
J’ai l’automne à l’envers. En dedans au lieu d’en dehors. Humide, tiède dans le creux des joues. Du vent qui craque dans la cage thoracique.
C’est octobre.
Ma mère est morte et j’ai pas encore pleuré. »

Une histoire souterraine du capitalisme

Actes Sud

18,00
Conseillé par (Libraire)
9 avril 2020

Conseillé par Lyonel

Peu de personnes lisent le Marquis de Sade pour ses passages théoriques. Il y a, pourtant, autant de souffre dans la pensée philosophique de Sade que dans ses digressions libertines. Pour le « divin marquis », les pulsions régissent le monde et ce, bien plus que la raison. Cette base, il l’avait reprise et trouvée dans les travaux de Bernard de Mandeville. Voilà toute l’érudition de Dany-Robert Dufour - aller creuser les bibliothèques pour mettre en lumière un écrit oublié. Ce livre, c’est : Recherches sur l’origine de la vertu morale. Voilà un texte décisif - il est la matrice, pour Dany-Robert Dufour, de l’avènement d’un capitalisme particulièrement agressif. Sous les traits du progrès, le dispositif de l’ultra-capitalisme leurre la population en la cadenassant dans ses pulsions et autres ignorances puis - surtout- en lui imposant le songe d’une richesse pour masquer une pauvreté structurelle. Dans ce système « les pires d’entre les hommes » exercent le pouvoir, sans la moindre empathie mais plutôt munis d’une ingénieuse agressivité. Un essai brillant et crépusculaire.

Éditions de l'Observatoire

16,00
Conseillé par (Libraire)
9 avril 2020

Conseillé par Lyonel

Le texte de Claire Marin - joli succès de librairie en sciences-humaines - trouve une certaine résonance aujourd’hui. Nous vivons tous ce temps de rupture où nous avons désormais l’immense disponibilité de penser à ce qu’ont été nos vies. Et d’imaginer nos vies futures… c’est dans ce balancement - entre l’avant et l’après - que réside la force de la rupture. Moment d’exil avec soi-même, avec les autres et, aussi, le temps social. Claire Marin ne nous trompe pas: c’est un saut terrible, éprouvant et parfois dévastateur. Rompre, ce n’est jamais un geste furtif et soudain - c’est une longue procession vers un ailleurs. Quitter un amour, ne plus voir une soeur ou un frère ou encore perdre son travail sont des électrochocs. Mais ces mouvement violents ont un sens et ce sens se mue en un adieu à cet éloignement que l’on conservait, par commodité, avec les plus souterraines de nos passions. La rupture peut devenir salvatrice et nous restituer à nous même. Après cette tempête, les temps bienheureux finissent par revenir.

Conseillé par (Libraire)
9 avril 2020

Conseillé par Lyonel

Franchir le cap, tendre vers un ailleurs et un autre style. Voilà les premières impressions de ce cycle romanesque - qui se formulera sous forme de trilogie - de Leïla Slimani. On ne retrouvera pas ici, la prose sèche et précise de ses deux premiers livres. On rencontre plutôt un souffle intense et un plaisir narratif, une boulimie des descriptions - le sensualisme exacerbé des paysages et des personnages est particulièrement pénétrant - et une métamorphose qui nous ferait passer de la sobriété inquiète de l’œuvre de Kundera au foisonnement épique d’un Tolstoi. Slimani mêle subtilement son univers intime avec la grande fresque historique. Le personnage de Mathilde doit franchir cette intrigante passerelle : l’autre. L’autre et son pays, ses secrets. Cette jeune Alsacienne qui suivra sa passion - Amine Belhaj et Meknès, sa ville - éprouvera avec intensité ce que c’est que franchir le cap du pays de l’autre. Un roman bouleversant et retentissant.