Eireann Yvon

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Amoureux de la lecture et de la Bretagne, j'ai fait au hasard des salons littéraires de la région beaucoup de connaissances, auteurs ou lecteurs.
Vous trouverez mes chroniques ici :
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A bientôt.
Yvon

16,25
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6 mai 2010

Avec mes meilleurs voeux.

Dernier roman de cette auteure morbihannaise dont je découvre les oeuvres petit à petit. Après l'humour relativement noir de "On a marché sur la tête", celui-là n'est pas mal non plus.
Au début il faut se sortir un peu du brouillard! Mais la municipalité a garanti à Hélène qu'elle (la municipalité) prenait tous les frais en charge si la brume se levait!. Et pour Hélène en cette semaine de Noël, c'est le smog des années de Jack l'Eventreur sur Londres multiplié par celui de Pékin en cette année pré-olympique . Revenons à nos moutons (langoustines pardon).
Bref Hélène fait le marché pour un réveillon qui ne s'annonce pas réellement gai. Entre Dominique la copine, employée de poste, dont la seule conversation est la qualité et la couleur des timbres, les deux veuves copines de gymnastique et la présence toute en finesse et délicatesse de la maman, morte pour l'état civil, mais omniprésente dans les pensées de notre pauvre narratrice. Quatre femmes seules, la règle étant : pas d'hommes!
Après une déception amoureuse, un départ sur une île pour suivre un amour, dont elle sortira brisée, Hélène entreprend une difficile reconstruction personnelle.
Le réveillon n'est pas une réussite mais pas loin d'être une catastrophe. Solange subitement change de parfum, ce qui rend Hélène cafardeuse. La maîtresse de maison a oublié de faire la mayonnaise pour accompagner les langoustines, les cadeaux provoquent un intérêt poli de la part de ceux qui les reçoivent, enfin un peu d'alcool aidant, la soirée se termine sans anicroche.
La municipalité annonce une éclaircie pour le 27, et Hélène doit maintenant tenir sa promesse, celle qu'elle a fait à sa mère sur son lit de mort!
Les personnages foisonnent dans ce roman : Hélène la narratrice, mal mariée avec un conjoint coureur ; elle le quitte pour suivre Martin, sur son île, mais la vie sur un île n'est pas toujours paradisiaque.
Sa maman, femme que l'on ne voudrait jamais connaître, qui est malgré le trépas toujours autoritaire et donneuse de leçons.
Claire, l'ancienne copine dont elle est sans nouvelles : son souvenir tournera à l'obsession pour Hélène. On soupçonne une affaire d'homme entre les deux, ce qui a rompu leur amitié? Rien n'est sûr.
Dominique, employée de poste, dont on dirait qu'elle est brave ou gentillette, mais toujours le coeur sur la main et la confidente idéale.
Odile et Solange, les deux veuves, qui profitent maintenant de la vie.
Bernard, le mari volage d'Hélène, laquelle Hélène, un jour s'est envolée pour une île avec Martin, qui lui n'est plus revenu sur cette île!
Bernard-Henri, lui est veuf, employé municipal et l'objet (caché) des convoitises des veuves, célibataires ou femmes abandonnées.
Que cache également Eléonore, la mystérieuse dame du marais, un peu sorcière ou voyante?
Attention, sous une certaine joie de vivre et d'humour se cache un livre grave sur les aléas de la vie. Une étude féroce des us et coutumes d'une certaine classe sociale et peut-être bien de tout le monde. Ce réveillon est un moment de lucidité sur les relations entre les êtres humains, sur les choses acceptées et inacceptables. Les petites critiques chuchotées, la vacuité des cadeaux, bref tous ces faux semblants que nous acceptons tous, bon gré mal gré.
Une oeuvre originale, d'une lecture agréable sur la solitude voulue ou contrainte. Un bon moment de littérature avec un petit côté fantasmagorique dans ce village noyé dans le brouillard.

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5 mai 2010

Aux temps anciens, dans le vieux pays.

Ayant fait la connaissance de cet auteur à Carhaix et ayant trois de ses livres dans ma bibliothèque, j'ai d'un seul coup eu envie de les lire. Ce titre estampillé « Récits » sert de lien entre un homme et ses cinq petites-filles, « Les mignonnes » si bien nommées. Louis Pouliquen est né en 1933 à Saint-Thégonnec (Finistère) dans une famille de gens de la terre. Médecin il passera une grande partie de sa vie à Paris. Il commencera sa carrière d'écrivain à 57 ans.
Vingt récits donc se rapportant soit à un fait, soit à un souvenir, des tranches de vie bien ordinaires, mais des moments magiques pour ceux, qui comme moi, ont connu ce genre de situations.

« Le champ du cheval », un homme laboure un champ, il est avec ses chevaux, ses complices depuis des années. Au loin un train passe, l'homme le prendra tout à l'heure. L'exil, Paris, les souvenirs remisés au grenier. Remisés seulement, pas enfouis, ni oubliés, mais toujours vivaces. Dans « Je l'ai retrouvé », il nous explique que ce grenier n'est pas forcément un lieu, mais parfois un coin de sa mémoire!
« Ar Mignoned » nous raconte un dimanche en famille, la messe du matin, le repas, puis enfin le repos, les visites, les recherches pour savoir si les gens qui partagent la tablée sont de la famille ou pas? Les friandises achetées à l'épicerie du village, dont la patronne arbore fièrement sa coiffe. Autres rites, la visite aux champs, pas pour travailler, mais par respect de la terre. Peut-on aimer la terre perché sur un tracteur avec un walkman sur les oreilles?
Les titres des chapitres m'évoquent pleins de souvenirs dans mon grenier personnel.
« Les ciels », oeuvre d'art en perpétuel changement ; « Les noms propres » au son souvent rocailleux ; « Le Diable et le Bon Dieu », cela représente quoi pour un enfant :
- « Bref, le Bon Dieu repoussait, le Diable attirait. Rien n'était simple ». « Le Diable parlait le français », ce qui laissait les petits bretonnants perplexes ! Et la querelle des écoles!
Car le mot guerre est réservé pour les chapitres suivants : « La guerre » et « La guerre toujours ». Les divers occupants , anglais, allemands, divers peuples d'Asie et les américains, enfin pour ce qui sera « Le Livre de la Diaspora » et la fin du vieux pays. Le monde moderne balbutiant entre dans la danse, les traditions reculent, s'effacent et disparaissent.
« Des métiers qui ne sont plus », Ar Pilhaouer, le chiffonnier est la traduction la plus proche, marchant ambulant. Le tueur de cochon qui officiait de ferme en ferme, menuisier, forgeron, maréchal ferrant, etc... « Les battages », dur travail, mais fête merveilleuse. « La langue du vieux pays » commence par cette phrase :
- Ce fut bien avant la guerre que celle qui fut déclarée à la langue de chez nous débuta.
« Les veillées », derniers soubresauts d'une civilisation qui se meure, et plongée dans l'histoire d'une famille.
Aline, Louis-François, les parents, Julie, Anne et Camille, Sophie et Agathe « Ar Mignoned ».
Les anciens aux noms fleurant bon la Bretagne, Chin Yvon ar Cosquer, Albert ar Kerlivit, Saïk ar Chapel, Diaoul Kamm, Job, Françan, Françis, Louis et tous les autres. « An Tad » littéralement « Le père », le conteur, la mémoire vivante de la famille. Patriarche imposant, mais plein de sagesse et de malice, Yves, le dompteur de vent!
Un très beau livre qui, sans aucun passéisme, nous met en phase avec un monde perdu. Les séquelles du remembrement ont transformé la topographie bretonne, adieu bocages et chemins creux, adieu broussailles et talus. Le profit avec la complicité d'une partie de la population est passé par là.
Reste la culture, pas maraîchère, l'autre, celle que nous avons en nous. Même si toutes les tentatives pour la sauver ne sont pas exemptes de reproches, elle existe. Un exemple m'a beaucoup touché : il y a quelque temps, un adolescent attendait le bus, il portait un tee-shirt noir à l'effigie d'un groupe de hard-rock, mais il avait sous le bras un biniou décoré des drapeaux breton et irlandais. Jeune homme, si vous me lisez, je vous remercie.
Un livre qui se veut un hommage à un art de vivre, et aussi que l'on rende justice à un monde dont la disparition a été programmée en même temps que celle de sa langue.
Merci Monsieur Louis Pouliquen pour cet énorme coup de coeur.

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4 mai 2010

Les yeux noirs

Ce court roman a obtenu le prix « Yann Brekilien » décerné par l'association des écrivains bretons en 2009. Nathalie De Broc a écrit plusieurs autres romans, mais c'est la première fois que je lis une de ses œuvres. 
La vie de deux femmes femmes la mère et la fille à travers le regard de cette dernière. On comprend très vite que cet enfant n'était pas souhaité. Par commodité, et au fil des pages on comprend que c'est mieux pour tout le monde, elle est en pension chez « Tantine », veuve sans enfant, qui lui donne toute son affection. Thérèse, la mère vient le premier dimanche de chaque mois, arrivée nimbée de mystère, l'enfant aperçoit une voiture s'arrêtant relativement loin de la maison avec un homme au volant! 


Et pour l'enfant ce dimanche est une déception, sa mère s'endort sur le canapé et la tension est palpable entre « Tantine » et elle. La fillette grandit, découvre le monde, le petit ami de sa maman pour le moins trop entreprenant, seule « Tantine » la défend, sa grand-mère la traite d'aguicheuse et sa mère ne vient plus la voir! La vie suit son cours, sa mère se met en ménage, s'installe en Auvergne, les rencontres s'espacent, un semblant de tendresse et de compréhension enfin semble s'installer. Pour combien de temps? Car la question du père n'est pas réglée..... La grand mère meurt, sa petite fille se marie, Thérèse est toujours pour le moins étrange, sa vie est toujours compliquée, et sa fille cherche encore et toujours le nom de son père.....
Thérèse la mère, que l'on sent toujours au bord de la rupture, à la limite de la déraison ou du suicide. Enfant déjà elle fuguait et était retrouvée errante dans la nuit. Sa vie sentimentale est aussi une sorte de dérive, entre un homme qui la bat et un macho ridicule plus jeune qu'elle. Signe de son profond désarroi elle quittera Paris pour aller vivre avec l'homme qui la frappe. La fille malgré tout garde les pieds sur terre, se construisant une vie normale, fondant une famille et étant mère à son tour. Mais avec toujours l'obsession de ses origines, car peur-être que quelqu'un sait, quelque part......
La Tantine est un personnage adorable et très attachant, les aléas de la vie ont fait que j'ai le souvenir de ce genre de femme chez qui j'allais en vacances dans l'Yonne. Mère de substitution elle a le rôle ingrat d'élever cet enfant même si on sent un brin de jalousie dans son comportent vis-à-vis de Thérèse.
Pas beaucoup de place pour des personnages masculins dans cette histoire et c'est tant mieux !
Un récit étrange et une démarche obsessionnelle, découvrir l'identité de son père.
J'ai du relire ce livre une seconde fois car de multiples petits détails m'avaient échappés. Je suis avec ce livre très loin de mes lectures habituelles, mais petit à petit je suis rentré de le monde de cette enfant puis de cette femme qui cherche ses origines. Elle apprendra quelques petites choses, que tout le monde savait sauf elle, évidemment ! Elle ira en Angleterre sur les trace de sa mère jeune fille.
Une belle écriture très intimiste, les années passent pour la mère et la fille, le fossé entre elle demeure. Pourtant on sent par moment des instants très fugaces de complicité, d'envie de
rapprochement mais jamais aboutie. Mais les yeux noirs réapparaissent!
Pas une lecture facile car l'ambiance générale est oppressante, mais une découverte un peu inattendue, car il est très rare que je relise deux fois le même texte quasiment à suivre!
Une réflexion de l'enfant me semble très belle et résume ce qu'elle pense de sa mère :
-« Fantasque » m'aurait plu, car il ne sentait pas l'hôpital.
Éditions : Diabase (2009)

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29 avril 2010

Coups de coeurs et coups de gueules !

Ma rencontre littéraire avec Jean Kergrist est très récente et je le regrette. J'avais vu ses livres à la médiathèque mais bizarrement j'avais toujours plus urgent à lire! Puis un jour j'ai acheté « Barouf à la campagne » et depuis je suis un lecteur qui rattrape son retard!
Cela démarre fort par « Sus au cons » et cela se termine encore plus fort par «  les cons, le retour ».
Mais entre les deux, 160 pages oscillent entre truculence et gravité, entre espoir et désillusions, sans amertume avec un sentiment de ne s'être jamais renié et d'avoir toujours été fidèle à ses principes.
D'anecdotes pour le moins étranges, comme louer une place de cimetière à l'avance pour être enterré en Face d'Armand Robin! Mais la malchance s'en mêle, une secrétaire oublie de le noter, et quelqu'un meurt avant lui. Personne n'est en vérité pressé de mourir et quelles relations peut-on avoir avec un voisin de sépultures? Ne dit-on pas muet comme une tombe!


La création fortuite du « Clown Atomique » est fort bien racontée, dire que ce personnage va changer sa vie pour plusieurs années et avoir beaucoup de successeurs.
Mais la vie d'homme public non formaté n'est pas évidente tous les jours quand un artiste dépend d'une subvention décrétée par copinage. Une carrière se joue sur une photo en première page d'un quotidien régional, ou se déjoue pour un commentaire lapidaire sur la même première page du même quotidien régional!
Beaucoup de pudeur dans l'évocation des années de galère, quand les dettes obligent à l'acceptation de tous les contrats, avec son lot de fortunes diverses. Le courant ne passait visiblement pas entre l'EDF et l'auteur, l'un était pour le nucléaire, l'autre pour une énergie classique!
J'ai regardé en début de semaine le DVD du film de Jean Kergrist « Le missionnaire ou la vengeance de Dahut », il est évident que l'argent manque, le générique final ne fut jamais tourné faute de moyens financiers! Et pourtant ce film mérite d'être vu, mais la Bretagne n'était pas prête a recevoir d'elle-même une image différente de celle collée à sa réputation. Elle n'est pas encore capable d'accepter qu'un missionnaire succombe au charme de Dahut!
De spectacles en tournées, la vie d'un homme qui se raconte et aussi se dévoile sans ostentation avec courage et honnêteté. De démêlées financières en problèmes administratifs, de coups d'éclats comme cet épisode. Suite à un manque de subvention de la mairie de Nantes, le conseiller artistique de cette ville ayant refusé une aide de 700 €, le spectacle qui descendait la Loire en péniche ne put avoir lieu. Ce même conseiller artistique venait de débourser 1 million263000 € pour le Royal de Luxe. Une quête permit de rassembler 2,108 kilos de pièces jaunes pour un montant de 17,07 € qui fut remis à la mairie de Nantes devant quelques journalistes! Je n'ai pas raconté tout le livre, à vous de chercher le reste!
Les personnages de ce livre sont à part une bande d'amis, (trop nombreux pour les citer tous) les créations scéniques de l'auteur (je ne parlerai pas des divers magouilleurs de tout poil et des hommes politiques tout bord, qui ne sortent pas grandis de la lecture de ce livre). Les amis, les vrais, n'ont pas besoin de moi pour se reconnaître. Les tontons ici ne sont pas flingeurs, mais dragueurs, la cousine pour qui il n'y avait pas que l'école qui était libre! Une anecdote trop amusante pour ne pas en parler, l'auteur était enfermé suite à un accident technique dans une chambre, ce fut Louis Guilloux qui servit, la pipe au bec, de pompier de service en hissant la grande échelle!
L'écriture n'est pas ici la qualité primordiale, ici c'est la véracité qui prime. Un homme se penche sur sa vie et le fait très humblement. Merci Maître Jean.
Un dernier mot, la préface est de Jean-Bernard Pouy, et elle vaut la lecture! Merci Jean-Bernard. Et bravo aux Éditions Keltia Graphic pour ce beau livre, agrémenté de nombreuses photos.
Extraits:
- Au retour du front on l'a toujours dans le cul.
- Plus facile de se faire oublier que de se faire connaître.
- Dans artiste il y a artisan.
- A croire que le théâtre est un art destiné à guérir les timides.
- Puis l'été 1978, je mettais un point final à mon aventure lyonnaise en rentrant définitivement en Bretagne, soulagé de pouvoir chanter avec Gilles Servat : « Je dors en Bretagne ce soir ».(Combien sommes-nous à avoir pris les paroles de cette chanson au pied de la lettre? Note personnelle.)
- Le film fit scandale auprès des dévots. Il s'en trouve en Bretagne de coriaces.
- Je me suis entraîné pendant des jours à imiter Tati dans sa tournée de facteur à l'américaine.
- J'expliquais aux badauds que, bien plus fort que Giscard et son « avion renifleur » j'avais dressé ce taureau de la Cogema à renifler l'uranium.
- En Bretagne on trouve tout ce que l'on peut imaginer.
- Honte d'être fils de paysans. Honte d'entendre mes parents parler breton à la maison. Honte de nos sabots et de nos blouses trop rêches.
Éditions : Keltia Graphic

Tentative d’explication du XXIème siècle en neuf nouvelles

Éditions Dialogues

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22 avril 2010

Lemonde tel qu'il sera *

Il est, je pense, nécessaire de ne pas oublier le sous-titre « Tentative d'explication du XXIème siècle en neuf nouvelles ». Mais cela implique une autre question, ne faut-il pas aller au delà de l'explication? Agir après avoir expliqué? Pour cela est-il nécessaire de souffrir? Car comme ce recueil, chaque récit a son propre sous-titre.
« Le crabe ne m'aura pas » cette nouvelle et son contenu ont une explication historique, faute d'être scientifique. Comment peut-on être un champion prometteur, mais limité, vaincre un cancer des testicules et devenir un coureur hors-norme?
Dom, lui, est facteur en contrat à durée déterminée. Le vélo, il connait et pratique presque tous les jours, alors le Tour de France, le Maillot Jaune, ce coureur qui semble pédaler sur la lune, c'est son rêve. Un léger détail, il n'a pas de cancer, qu'à cela ne tienne.....
Un peu d'humour dans « Le mari de la femme invisible », mais je vous préviens, on rit jaune! Pauvre Gégé, vous parlez d'une vie, et en plus, non content, de ne pas pouvoir voir sa femme en peinture, ils ne s'entendent plus! Fais gaffe Gégé, souviens-toi du proverbe, marié ou pendu!
« La geôle » est un texte très dur sur l'univers carcéral, quelques pages qui font froid dans le dos, la folie et le sadisme au paroxysme!
Une belle brochette de personnages hante « La péniche » où se déroule le séminaire d'une société quelconque. L'auteur trempe sa plume dans le vitriol pour nous décrire un assortiment d'ex ou de futurs cadres dynamiques, de Jean-Luc à l'humour grivois et lourd, à Jean Marie, directeur zélé des ressources humaines. Un des meilleurs textes du recueil, à la fin de cette lecture, je me dis que je suis heureux d'avoir échappé à ce genre de chasse à l'argent et à la productivité. Anton Hansen est également présent dans « Sept à la suite », mais dans cette dernière, il a le rôle du salopard intégral! Enfin, un peu plus salopard que les autres. Pire que « Cashman », ce qui n'est pas une mince performance!

Des hommes en rupture de société, comme Piloche que l'on retrouve dans deux textes consacrés au monde de l'édition. Chacun sa souffrance, l'auteur et l'éditeur, les livres au pilon et l'éditeur en prison! Mais dans les deux cas, une certaine solidarité se manifeste, il ne faut peut-être pas désespérer du genre humain! Ni oublier la part du chien dans cette histoire, ni l'évocation de Montreuil, Vincennes et son bois!
L'écriture est ce que l'on trouve dans le registre de la nouvelle, percutante, précise et sans fioriture, en dire le maximum en un minimum de lignes. Et ici, c'est particulièrement réussi.
Une phrase m'a particulièrement plu dans ce livre :
- Et comme tous ceux qui se revendiquent ouverts, se disent prêts à dialoguer, à échanger avec des gens ayant des points de vue différents, elle ne pouvait pas blairer qu'on la contredise, que ce soit niveau boulot ou autre.
Ce genre de personnages foisonne sur Internet, dans les forums, dans les sites, l'anonymat a du bon pour certains!
Un constat social parfois dérangeant, le monde du management passé à la moulinette, les plans sociaux se passent-ils comme l'auteur nous les décrit? Le dégraissage pour ne pas dire l'épuration au nom de l'intérêt de certains sont devenus monnaie courante, il suffit d'écouter les informations!
Une découverte et un livre âpre comme le modernisme et ses dérives. Douleurs et souffrances sont les deux mamelles de l'existence !
*Ou « Tel qu'il est déjà!