Nathalie -.

Roman

Buchet-Chastel

16,00
Conseillé par (Libraire)
1 mai 2021

Comme des bêtes

C'est un texte aux voix, celles des montagnards, celles des fées, celles de la nature, mais aussi celle qui fait société.
Une petite fille est trouvée dans la montagne.
Elle est sauvage.
Que lui est-il arrivé ?
Qui est-elle, d'où vient-elle ?
A-t-elle été abandonnée, kidnappée ?
Alors, c'est le déferlement.
On veut un coupable, un tout désigné.
Et si la nature nous parlait, de la voix des fées ?
Et si elles savaient protéger et soigner de ce que les hommes peuvent faire ?
C'est un roman très beau, à l'écriture sobre et poétique.
Il y a dans l'écriture de Violaine Bérot quelque chose d'absolument enchanteur.

Un récit d'Ariane Chemin

Editions du Sous-Sol

16,50
Conseillé par (Libraire)
29 avril 2021

À la recherche de Milan Kundera

D'abord la joie de découvrir un écrit posé récit sur Milan Kundera ; récit de son destin d'auteur majeur.
Et puis, au fil de lire, Ariane Chemin nous invite à percevoir autrement, en profondeur la vie, le parcours de Milan Kundera et de sa femme Vera, ainsi que l'importance et toute l'intention que porte l'auteur à son oeuvre.
La découverte d'éléments historiques, le cheminement qui mène le couple Kundera en France, la perte de la nationalité tchèque, qui lui est de nouveau attribuée bien plus tard, les questionnements quant aux choix en littérature, dont celui de disparaître du champ médiatique sont autant de points qui convergent vers l'impression de secret qui entoure l'auteur.
Tant de mystères encore, d'interprètations singulières par ceux qui l'ont approché, connu, qu'on a la sensation de se perdre dans un labyrinthe dont on se demande si cela en valait la peine d'y entrer. Rien que se poser cette question en vaut la peine.
En se concentrant sur l'auteur et son oeuvre, on saisit toute la nécessité pour lui de garder le silence sur lui, sa vie, son oeuvre ( souhaitant échapper ainsi aux interprétations fantasques que les uns et les autres pourraient faire), de ne donner à connaître que l'oeuvre par et pour elle-même.
Ce besoin de contrôler son oeuvre, jusque dans sa traduction en français, reprise par l'auteur paraît à la fois naturelle et laisse perplexe.
Il reste que Kundera est un auteur incontournable, dont l'oeuvre puissante ne laisse personne indifférent.

Conseillé par (Libraire)
28 avril 2021

Deux petites bourgeoises

Héloïse et Esther se connaissent depuis qu'elles ont onze ans, de vivre dans le même quartier, d'aller dans la même école, de grandir ensemble.
Héloïse meurt à 52 ans d'un cancer.
On l'apprend brutalement dès le début de l'ouvrage.
Esther raconte.
Elle fait le récit de leur amitié au fil des années, des périodes importantes de leurs vies. Elle raconte les périodes d'éloignement, de rapprochement qui n'entachent en rien le naturel à se retrouver.
Au fil du livre, on a le sentiment de découvrir en même temps qu'Esther toute l'importance de cette amitié ; importance saisie brutalement après la mort d'Héloïse, et qu'il fallait absolument poser sur le papier.
Esther révèle Héloïse à notre regard alors qu'elle ne lui a jamais dit tout ce qu'elle admirait en elle.
Colombe Schneck livre dans cet ouvrage toutes les nuances de l'amitié féminine. Elle dessine à grands traits, de formules bréves et acérées, la condition féminine, au fil des différents âges et caps de la vie des deux amies.
On ressent intimement cette chance d'une amitié longue, brutalement interrompue.
On ressent la perte et tout ce qu'il aurait fallu, sur quoi on ne revient plus.

Conseillé par (Libraire)
26 avril 2021

Le quai de Ouistreham

Dans ce reportage, Florence Aubenas décrit de l'intérieur l'expérience que c'est pour une femme plus très jeune ( 48 ans), faiblement diplômée, sans expérience professionnelle, de trouver un emploi ou plus justement des heures de travail, en période de crise économique comme celle vécue en France à partir de 2008.
Des heures de ménage comme agent de propreté dans différentes entreprises, c'est tout ce qu'elle trouve.
Peu d'heures, en horaires décalés, c'est à dire très tôt le matin et tard le soir, avec de longs trajets, des heures supplémentaires non rémunérées parce que dire que plus de temps a été nécessaire, c'est se montrer incompétente, et c'est risquer de ne pas être rappelée.
Florence Aubenas vit cette précarité pendant six mois, puis elle se voit proposer un C. D. I, sonnant pour elle la fin de l'expérience.
On lit et on saisit l'invisibilité dans laquelle sont maintenus les compagnes et compagnons d'infortune pour qui la précarité ne fait que durer.
On capte des gestes de solidarité parfois, des situations de "chacun pour soi", des éclats de rire et de vie, des coups de gueule, avant que chacun reparte chez soi, ou vers d'autres heures de travail à enchaîner ailleurs.
L'injustice sociale, la fatigue morale, celle des corps, tout le temps, nous sautent au visage.
Ce sont des pages du réel qui s'inscrivent dans le temps et on se demande ce que sont devenu(e)s Mimi, Françoise, Philippe, Mme Tourlaville, Germain, Marguerite...
On se demande enfin s'il est juste de penser (et si c'est le cas à quel point), la question de la précarité comme un fait s'aggravant.

Flammarion

19,00
Conseillé par (Libraire)
22 avril 2021

À la folie

Pendant une année, Joy Sorman a passé des journées dans deux unités psychiatriques en France et ce livre en est le résultat.
C'est un récit d'observation qui donne à percevoir ce qu'est aujourd'hui le quotidien des malades, des soignants.
On lit les circonstances d'entrées, histoires, et soins proposés aux malades, arrivés là par nécessité, contre leur gré, pour les deux pavillons observés. En même temps, on saisit les conditions d'exercice de leurs fonctions des équipes soignantes.
Explosent à la lecture le manque criant de personnel, de moyens, l'importance de la chimie, l'informatisation/numérisation des soins qui entraînent une réduction plus grande encore de liberté pour les patients, du manque de disponibilité, du manque de temps à leur consacrer individuellement.
On lit la singularité de chaque personne qu'elle soit malade ou soignante. Cette singularité même qui demande des ajustements, du temps, qui crée soin de travailler ensemble dans un quotidien borné méticuleusement de régles de fonctionnement de plus en plus drastiques du manque de moyens.
On saisit que la folie ne rime pas uniquement et systématiquement avec maladie, qu'elle peut être posée comme telle du rejet par la société de ce qui l'empêche de fonctionner. On comprend aussi combien la société la crée de plus en plus.
Joy Sorman nous invite à sortir des idées toutes faites ou clichés concernant le sujet.
Elle ne fait que retranscrire ce qu'elle a perçu de sa présence auprès des êtres dans ces lieux, et c'est nous ouvrir grand aux questionnements.
Quelle est la fonction objective d'une institution psychiatrique ?
Que dit-elle dans ses choix et priorités, de la société dont nous sommes ?
Quelles alternatives proposées aux patients quand ils sortent de l'enfermement psychiatrique ?
Quels relais pour continuer d'accompagner ceux qui ne peuvent être guéris mais ne peuvent rester enfermés, qui nécessitent toujours soins ?