Un monde d'après
Roman inattendu et audacieux, "Chien 51" sonde notre humanité la plus profonde d'une sidérante force romanesque. Laurent Gaudé va là où on ne l'attend pas et nous conduit dans un effroyable monde dystopique. Véhiculant un puissant imaginaire et des personnages marquants, il trame ce roman d'anticipation d'une intense enquête policière au cœur du pouvoir et des rivalités d'un monde inique et cynique qui pourrait advenir.
Drôle et percutant
Ces excellentes chroniques, drôles et percutantes jouent de toutes les contradictions rencontrées par l'autrice entre le confort matériel de son mode de vie américain et ses idées pourtant éloignées des valeurs capitalistes et consuméristes. À travers cette exploration intime et concrète de son quotidien, on suit le fil de sa vie et de ses tentatives (et de ses échecs, parfois !) de trouver une voie. Il va donc être question de travail, d'argent, de loisirs, de propriété, d'inégalités de toutes sortes et de racisme à travers sa maison, son jardin, Ikea, Beyoncé, les Pokemon, le Monopoly, Emily Dickinson, Thomas Pïketty et quelques épisodes de Scoubidou vus au prisme de l'accumulation des richesses par quelques-uns ! Ces courts chapitres construits comme des nouvelles à chute dont Bliss possède l'art désarmant et désopilant de la chute forment un ensemble savoureux aussi instructif que narratif.
Une femme incandescente
Ce premier roman formidablement réussi nous fait entrer dans la vie de Germaine Brière, jeune femme devenue brillante avocate dans les années 30, qui va défendre les sœurs Papin, ces bonnes qui assassinèrent leurs patronnes dans la région du Mans, un crime retentissant qui marqua les esprits. Le roman vif et rythmé alterne les épisodes de la vie intime et personnelle de l'avocate à ceux du procès des sœurs Papin. On y découvre une amoureuse incandescente, une femme indépendante qui porte en elle le feu de la justice. On vibre avec elle dans ses combats de femme pugnace et d'habile avocate. C'est une lecture riche et passionnante qui ouvre à ce destin exceptionnel, intense et fulgurant, plus de portes qu'une panthéonisation ne le ferait.
Délicieusement nippon
Le plaisir est immense de se baigner dans la délicieuse écriture de ce roman et de suivre ses personnages confrontés à la vie, l'amour, la mort et l'art dans le cadre raffiné d'un Japon contemporain et éternel à la fois. Cette traversée romanesque d'un homme faite de jouissances, de rencontres et d'amitiés mais aussi de solitudes intérieures, de blessures et de pertes mène finement de belles et profondes interrogations sur la vie.
Mémoire de garçon
Avec ce court récit autobiographique qui dépasse largement l'horizon personnel, Daniel Arsand délivre une parole qui ne détourne pas le regard et sait être crue quand il faut. Sous une écriture délicate, attentionnée et profondément émouvante, il raconte sa première expérience sexuelle, un immense désir pour un jeune garçon un peu plus âgé que lui qui va se transformer en une violente relation subie, un viol. Daniel Arsand réactive la mémoire de ce viol, de ce qu'il porte, de ce qui va s'en suivre, comment il va bouleverser sa vie, son être, ses relations amoureuses, ses relations aux autres jusqu'à aujourd'hui mais aussi son rapport à la lecture, à l'écriture, à la littérature.
De la mémoire à l'écriture, du désir au viol et avec la conscience d'une domination sociale, cette mémoire de garçon résonne fort avec "Mémoire de fille" d'Annie Ernaux et touche au cœur.