Sublime !
Rompant avec sa vie, les failles et les fantômes qui l'accompagnent, Matabei quitte son métier, ses proches, sa ville de Kobé pour se retirer à Atôra, au Nord du Japon.
Entre mer et montagne, il trouve refuge dans l'auberge tenue par Dame Hison. Au milieu de la nature, porté par le rythme des saisons et de ses promenades dans un jardin extraordinaire, il y fait la connaissance d'Osaki, prodigieux maître jardinier et peintre d'éventail qui transformera sa vie.
Comme le souffle du vent soulève les feuilles des arbres et nous donne à entendre leur bruissement, à voir leur éclat, à distinguer leurs nuances, l'écriture d'Hubert Haddad soulève les mots et la langue, en fait jaillir de page en page la beauté, les vibrations, le relief. Le plaisir de lecture est intense et immense. On se rêve à lire "Le peintre d'éventail" au pied d'un arbre, sous l'ombre d'un feuillage ou lové entre deux branches.
Roman de la sagesse, de l'apaisement, de l'humilité face à la Nature où peindre, jardiner, écrire ou lire, relèvent d’un même geste, "Le peintre d'éventail" emporte le lecteur qui, dans le sillage d'Osaki et de Matabei, en ressort transformé.
C'est avec une formidable verve que Tierno Monénembo nous conte l'histoire d'Addi Bâ, tirailleur sénégalais de la guerre de 40, devenu pour l'occupant allemand « Le terroriste noir ». Son irruption dans un petit village des Vosges – où il organisera le maquis – va bouleverser la vie des habitants, séduits par cet attirant personnage. On rit, on pleure, on s'étonne à la lecture de ce roman où la drôlerie côtoie sans cesse le tragique.
Eblouissant
« A qui appartient Alexandre-le-Grand, cet homme qui ne sait pas mourir ? » Alors que le conquérant se meurt, ses anciens compagnons d'armes se déchirent. Seule Drypteis, refusant le sang, reste fidèle à l'esprit d'Alexandre : elle seule l'entend et le comprend encore, elle seule saura le conduire dans son ultime désir, elle seule saura l'affranchir de l'Histoire pour le faire entrer dans la légende. Porté par une écriture au souffle épique, le nouveau roman de Laurent Gaudé, en véritable état de grâce, est éblouissant.
Quelle immense "Nuit tombée" !
La nuit tombée, un homme circule à moto pour se rendre dans la zone interdite de Tchernobyl. Il fait une halte auprès de ses anciens amis. Les souvenirs remontent, l'amitié du moment présent est forte et profonde.
Sobre, émouvante, toujours juste, l'écriture d'Antoine Choplin nous frappe en plein cœur. Comme un peintre dessinant à l'encre de Chine, quelques traits lui suffisent pour saisir toute l'humanité de ses personnages, nous renvoyant par là-même à la nôtre. Un roman où les paroles et les silences font surgir de belles lueurs d'espoir dans cette immense nuit tombée. Magnifique ! Par l'auteur du « Héron de Guernica ».