A ce stade de la nuit

Maylis de Kerangal

Guérin

  • Conseillé par
    19 juin 2015

    Lampedusa, la honte et la révolte

    Le 3 octobre 2013, un navire venu de Libye, débordant de réfugiés, sombre au large de l’île de Lampedusa, à deux kilomètres  des côtes, faisant plus de 300 victimes. Maylis de Kerangal est dans sa cuisine, seule. C’est la nuit. Elle écoute la radio, le drame, les victimes.

    Imperceptiblement son esprit se détache de la réalité, se laisse emporter de digressions en digressions par un mot qui s’impose à son insu, Lampedusa. C’est d’abord le visage de Burt Lancaster qui s’invite, irrésistiblement. Quel rapport avec la catastrophe ?

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  • 19 décembre 2014

    À ce stade de la nuit, c'est comme un murmure. Nous sommes dans l'espace de la cuisine. La narratrice est assise sur une chaise à la table de cuisine. Seule la voix à la radio rompt le silence comme "un filet sonore qui murmure dans l'espace". Une tragédie sinistre a eu lieu ce matin. Comme une coulée de lave brûlante plongée dans la mer, le nom de Lampedusa pénètre le voile fibreux de l'espace temps.

    "Un bateau venu de Libye, chargé de plus de cinq cents migrants, a fait naufrage ce matin à moins de deux kilomètres des côtes de l'île de Lampedusa; près de trois cents victimes seraient à déplorer."


    Comme un écho au roman de Margaret Mazzantini La Mer, le matin , ce court texte de Maylis de Kerangal fait retentir le souffle court de ceux qui bravent la mort en quête d'un salut.

    La narratrice semble méditer au cœur de la nuit sur la chute du baroque italien, des années de luxe et de richesses en évoquant le film de Visconti, Le Guépard, adapté du texte de Giuseppe Tomasi di Lampedusa.Burt Lancaster icône du cinéma, à la fois prince et migrant incarne au coeur du texte la puissante chute de la transcendance.

    Lampedusa...cette île comme le point de rupture entre les richesses matérielles et le dénuement des autres et sur ses berges des hommes par centaines laminés par leur périple...