Histoire de la Gaule, Une confrontation culturelle (VIe siècle av. J.-C. - Ier siècle ap. J.-C.)
EAN13
9782213640624
Éditeur
Fayard
Date de publication
Langue
français
Fiches UNIMARC
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Histoire de la Gaule

Une confrontation culturelle (VIe siècle av. J.-C. - Ier siècle ap. J.-C.)

Fayard

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L'historien d'aujourd'hui ne peut envisager la Gaule et les Gaulois de la même
manière que ses prédécesseurs: la génération de Jullian fut marquée par la
revanche sur l'Allemagne, celle de Carcopino par la colonisation et celle de
Hatt par la décolonisation. De plus, l'éventail méthodologique, qui s'est
élargi et affiné (de l'épigraphie latine à la photographie satellitaire)
depuis un siècle, permet de considérer cette histoire sur la longue durée,
c'est-à-dire sur le large demi-millénaire qui s'ouvre au début du VIe siècle
av. J.-C. (fondation de Marseille). Bien avant la première intervention
militaire romaine (125 av. J.-C.), le commerce étrusque puis grec eut une
incidence considérable sur la vie même des habitants de la Gaule. Le vin eut
ainsi une fonction beaucoup plus large que celle que lui assignent les sources
grecques et latines _ étancher la " soif celtique " _ et modifia en
profondeur, avec d'autres produits et objets du monde méditerranéen, les
sociétés celtiques. Le commerce joua donc un rôle majeur dans la confrontation
de deux civilisations, celle des Grecs et des Romains _ fondée sur la pierre
_, celle des Celtes _ caractérisée par le bois et le torchis. Il n'importe
guère finalement qu'un jour les Italiens aient, dès le milieu du IIe siècle au
sud, pris le relais des Grecs, qui eux-mêmes avaient évincé les Etrusques: les
échanges avaient dépassé l'ajustement de l'offre et de la demande pour remplir
un véritable rôle culturel.

Rome prit le problème autrement, imposant armées, colons et provinces. Cette
brutalité ne constitua pourtant pas en soi une rupture et se borna à donner de
tout autres dimensions aux relations économiques et aux contacts culturels.
Une fois la saignée césarienne opérée, les Romains cherchèrent en outre à
séduire, et de leur côté les Gaulois ne furent ni ces hommes falots faits de
sable et de vent que décrit Mommsen ni des vaincus acculturés prêts à
s'incliner devant la splendeur des décors urbains ou des autres formes de la
civilisation méditerranéenne.

La romanisation passa ainsi par un demi-millénaire de commerce, par de subtils
accords politiques symbolisés par les cérémonies du culte impérial au
Confluent des Gaules (Lyon), et par un élargissement du droit de cité (au
milieu du Ier siècle ap. J.-C., les citoyens romains de Gaule étaient les
égaux de ceux nés sur les bords du Tibre). Tout fut dit au concile de Reims
(70 ap. J.-C.) où les notables assemblés refusèrent les chemins de la
rébellion: ils étaient devenus non pas des Gallo-Romains _ le terme est une
invention contemporaine _, mais des Romains des provinces des Gaules.

Danièle et Yves Roman enseignent tous deux l'histoire ancienne, l'une à
l'université Paul-Valéry de Montpellier, l'autre à l'université Lumière-Lyon-
II. Leur ouvrage constitue la première grande synthèse sur la Gaule depuis
plusieurs décennies.
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