- EAN13
- 9782764637159
- Éditeur
- Éditions du Boréal
- Date de publication
- 20/04/2022
- Collection
- Papiers collés
- Langue
- français
- Langue d'origine
- français
- Fiches UNIMARC
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Géographies du pays proche
Poète et citoyen dans un Québec pluriel
Pierre Nepveu
Éditions du Boréal
Papiers collés
Livre numérique
Autre version disponible
-
Papier - Boréal 22,00
Cet essai parle de mon attachement au Québec, ce coin des Amériques où je suis
né, où j’ai mené presque toute ma vie active, où j’écris depuis plus de
cinquante ans et auquel j’ai consacré l’essentiel de mes travaux. J’ai une
dette importante envers ce territoire, cette société, cette nation, mais toute
dette mérite d’être interrogée, tout héritage exige d’être soupesé. Mon amour
du Québec n’est pas nationaliste si l’on entend par là que je placerais la
nation au-dessus de tout, que je serais incapable de reconnaître ses tares, au
passé comme au présent, ou encore que je serais obsédé par sa différence, sa
distinction, sa spécificité. Reconnaître que le Québec est un cas unique dans
l’histoire des Amériques, que sa situation linguistique fortement minoritaire
au Canada et à plus forte raison sur le continent exige des politiques et
motive un souci constant, être conscient des particularités de notre parcours
historique – cela ne signifie aucunement que l’on doive se cantonner dans un
provincialisme défensif et régressif qui en vient à considérer comme suspecte,
voire péjorative, l’idée même d’un Québec ouvert, pluraliste, inclusif. À mes
yeux, telle est pourtant l’idée de la nation qui colle le plus à sa réalité
présente, et la seule apte à éviter sa stagnation et sa folklorisation. Mon
discours n’est pas celui d’un historien, d’un sociologue, d’un politologue,
d’un juriste ni même d’un philosophe, bien que toutes ces disciplines me
nourrissent et qu’elles occupent une large place dans ma bibliothèque. Mon
point de vue sur le monde est celui d’un littéraire et donc d’un généraliste
ou, mieux encore, d’un « écologiste du réel », une expression que j’emprunte à
un livre que j’ai publié dans les années 1980 et qui considère que le monde
que nous habitons est, à portée de langage, une totalité concrète, complexe,
diversifiée, qui se maintient dans des interrelations, qui vit et se recrée
sans cesse dans des échanges et dont nos discours ont le devoir de faire
entendre la polyphonie, les discordances autant que les harmonies. Le Québec
dont je parle est imprévisible, mais il commence au seuil de ma porte, dans la
proximité des choses et des êtres, dans un équilibre instable qui est, au bout
du compte, la seule manière d’exister. Pierre Nepveu
*[XIXe]: Dix-neuvième
*[ xix e]: 19e siècle
né, où j’ai mené presque toute ma vie active, où j’écris depuis plus de
cinquante ans et auquel j’ai consacré l’essentiel de mes travaux. J’ai une
dette importante envers ce territoire, cette société, cette nation, mais toute
dette mérite d’être interrogée, tout héritage exige d’être soupesé. Mon amour
du Québec n’est pas nationaliste si l’on entend par là que je placerais la
nation au-dessus de tout, que je serais incapable de reconnaître ses tares, au
passé comme au présent, ou encore que je serais obsédé par sa différence, sa
distinction, sa spécificité. Reconnaître que le Québec est un cas unique dans
l’histoire des Amériques, que sa situation linguistique fortement minoritaire
au Canada et à plus forte raison sur le continent exige des politiques et
motive un souci constant, être conscient des particularités de notre parcours
historique – cela ne signifie aucunement que l’on doive se cantonner dans un
provincialisme défensif et régressif qui en vient à considérer comme suspecte,
voire péjorative, l’idée même d’un Québec ouvert, pluraliste, inclusif. À mes
yeux, telle est pourtant l’idée de la nation qui colle le plus à sa réalité
présente, et la seule apte à éviter sa stagnation et sa folklorisation. Mon
discours n’est pas celui d’un historien, d’un sociologue, d’un politologue,
d’un juriste ni même d’un philosophe, bien que toutes ces disciplines me
nourrissent et qu’elles occupent une large place dans ma bibliothèque. Mon
point de vue sur le monde est celui d’un littéraire et donc d’un généraliste
ou, mieux encore, d’un « écologiste du réel », une expression que j’emprunte à
un livre que j’ai publié dans les années 1980 et qui considère que le monde
que nous habitons est, à portée de langage, une totalité concrète, complexe,
diversifiée, qui se maintient dans des interrelations, qui vit et se recrée
sans cesse dans des échanges et dont nos discours ont le devoir de faire
entendre la polyphonie, les discordances autant que les harmonies. Le Québec
dont je parle est imprévisible, mais il commence au seuil de ma porte, dans la
proximité des choses et des êtres, dans un équilibre instable qui est, au bout
du compte, la seule manière d’exister. Pierre Nepveu
*[XIXe]: Dix-neuvième
*[ xix e]: 19e siècle
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