Contes névrotiques

Recueil de récits réalisés par Boris Hurtel et publiés entre 2008 et 2014 dans des fanzines de bande dessinée, les Contes Névrotiques relatent les mésaventures d'adultes mal dans leur peau, s'inscrivant dans une ambiance post-punk comme tamisée par la noirceur du polar, sur une bande-son inspirée du blues. Titre, couverture aux couleurs contrastées et frontispice représentant une flopée d'êtres étranges, entre humains et zombies, annoncent la couleur de l'ouvrage : un noir d'encre, le même qui permet de figurer la beauté des ciels étoilés et le cafard qui ronge les esprits. Fidèles au registre narratif du conte auquel fait référence le titre, les différents récits se succèdent à la manière de courts chapitres sur les dérives de l'âme humaine, dressant une galerie de portraits basculant sans cesse de l'empathie au dégoût, de la compréhension au rejet. Ils portent sur des personnages en décalage avec leur société, êtres frustrés, cupides, oscillant entre bien et mal à l'image du noir et du blanc qui permet de les représenter. Marginalisés, les protagonistes se confrontent ainsi à l'absurdité de leur existence et des contraintes extérieures, normes et autres sources de pression. Le vice devient alors la route la plus évidente, qu'il soit alimenté par un environnement moralement complexe ou qu'il incarne une réponse désespérée au dysfonctionnement social. Névroses et obsessions s'installent, portant sur des envies inassouvissables de sexe, d'argent et de succès. Le cynisme, l'ironie et l'humour noir, grammaire hurtelienne de la représentation des rapports humains, tracent les contours d'âmes tourmentées par leurs tentations. Des jeux de mensonges et de masques se mettent en place, pour combler les frustrations des artistes maudits, des drogués et des opportunistes qui peuplent ces Contes névrotiques. Troublées, les identités semblent se dissoudre, comme si un phénomène de folie s'était emparé de la ville, contaminant ses habitants en débridant leurs pulsions.