Brest en Bulle

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13 juillet 2012

Chronique

David B (au scénario) et Tanquerelle (au dessin) se sont associés pour donner vie au fameux gang des postiches, qui sévit en région parisienne dans les années 80.

Portés par une bichromie bleue et blanche, rehaussée de noir, les événements nous sont racontés sur un rythme rapide et prenant. Ainsi, les premières planches nous enferment en Février 1975 dans une banque place de la République ; un casse qui tourne mal, des otages, une fuite rendue facile par l’incompétence de flics mal équipés… On va suivre pendant 9 chapitres le destin de 8 individus, de 8 mecs qui aiment être ensemble mais surtout qui aiment l’argent.


L’équipe se met en place à Belleville avec Lesage (le seul du milieu), Gaouti (le roi des monte-en-l’air) ou Rouve (le gitan de Montreuil fasciné par la vie des bandits de Paris)… Les noms sont inventés mais renvoient à la réalité : Simon Adjaj(le mec qui réfléchit) est sans doute André Bellaïche et Régis Melingue (celui qui communique avec ses flingues et la Terre-mère) est Robert Marguery.

Le titre est tiré d’un récit de Marcel Schwob, Le roi au masque d’or, où il est question de brigands surgissant du mystère et portant des faux visages « noirs, camus, à lèvres rouges ». C’est cette idée que Rouve adopte pour faire des casses risqués sans craindre d’être repéré. Ils braqueront, grimés, trois banques dans la même journée, se jouant de la police, des alarmes comme des gosses farceurs… jusqu’au dernier casse de la rue Blanche, en 1985.

David B évoque donc tout un monde disparu de gangsters, d’indics, de flics ripoux ou de guerre des polices à travers le destin romanesque de ces types pas sympathiques, mais attachants dans leur déchéance (car à faire des coups fumants on finit fumé) et à qui le dessin de Tanquerelle, précis et clair, donne vie et mouvement.

Une vie bien remplie car le jeu du chat et de la souris avec la police durera plus de vingt ans ; Bernard Levert ne sera arrêté qu’en 2004, à Belleville.

« Si il n’y avait pas eu ces morts, ç’aurait été une histoire romantique », dixit André Bellaïche.

Véro

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1

Birmant/Oubrerie

Dargaud

16,95
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13 juillet 2012

Chronique

« PABLO » : le ton est donné, on aborde le mont Picasso par la face intime, et on le suit dans sa découverte de la Ville Lumière à l’heure de l’exposition universelle et de la bohème sur la Butte.

Les premiers pas du prodige espagnol à Paris au tout début du siècle dernier font l’objet d’un récit à deux voix. Amélie Lang, devenue Fernande Olivier en tant que modèle en vogue, conte sa propre histoire jusqu’à sa rencontre avec le peintre, brossant ainsi un édifiant tableau des mœurs de l’époque.

L’autre narrateur, anonyme, se focalise sur deux faits fondateurs: la passion fatale de son ami Casagemas pour une danseuse du Moulin Rouge (la mort tragique de celui-ci inspirera à Picasso, traumatisé, sa période bleue); et la rencontre avec Max Jacob, héros éponyme de ce premier tome, présenté comme un bon samaritain énamouré qui lui aurait ouvert les portes du mythique « Bateau-Lavoir ».

Traits, crayonnages, fusain, pastels, les moyens graphiques déployés dans une palette forcément haute en couleurs sont au diapason du tumulte de cette épopée artistique.

Malo.

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Volume 1, Henri

1

EP Media

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13 juillet 2012

Chronique

Au Bar de l’Atlantique, on verse du blanc sec et on sert de la charcuterie. Les gars du cru s’y amusent encore des jambons de Micheline, serveuse blonde assimilée à la race porcine. Face à la mer, les verres défilent donc et les vannes déferlent, creuses comme des huîtres…

Henri, lui, ne boit pas d’alcool. Et les blagues misogynes ne l’ont jamais fait rire. Il reviendra pourtant dans ce rade, demain et les jours suivants, car la table est à son image : réservée. Quand on est vieux garçon, il y a des habitudes qu’il n’est pas facile de changer.

Henri trime sur les chantiers navals de Saint-Nazaire, au pied des grands cargos. Sa vie de soudeur s’écoule en douceur, dans un rituel immuable et mécanique. Quotidiennement, son chalumeau travaille les coques métalliques. Puis il déjeune, seul, devant l’Océan Atlantique.

La salle de resto est aujourd’hui pleine à craquer. Le ton monte à la table de Jipé, truand s’adonnant aux trafics juteux et à la conversation obsédée. La belle Natacha, terroriste basque avec laquelle il doit collaborer, n’a malheureusement pas l’intention de se faire baiser !

Alors, soudain, le mafieux décoche une beigne à la fille, qui s’en va valser. Henri tente aussitôt de s’interposer. Attitude courageuse, mais très risquée : un prodigieux coup de boule fait exploser son nez. Tout son corps tombe à la renverse. Il ne le sait pas encore, mais sa vie entière vient de basculer…

Le scénario de Dos à la Mer, coécrit par Olivier Berlion et Antonin Varenne, est l’histoire du couple improbable formé par Henri et Natacha. C’est le récit d’une course folle, d’une fuite en avant. Car l’objectif est autant d’échapper au passé qu’à d’impitoyables poursuivants.

Le dessin réaliste d’Olivier Thomas, déjà apprécié dans la trilogie Sans pitié, sert à merveille ce polar noir et trépidant. La suite tiendra-t-elle ses promesses ? Nous sommes déjà sur les dents !

Bert’

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It is not a piece of cake

3

La Boîte à Bulles

19,00
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13 juillet 2012

Chronique

Alors que les musées de Bretagne se mettent à l’heure du Japon, parlons de Nancy Peña et du dernier tome des aventures d’Alice Barnes, détentrice du kimono aux chats.

It is not a piece of cake, publié en octobre 2011 aux éditions « la boîte à bulles », nous entraîne en Ecosse. Deux frères, Victor et Percy Neville se retrouvent dans le sombre Montrose Castle où officiait leur counseller de père, Lawrence Neville. Ils s’affrontent pour un pari dont l’objet est le secret des black shortbreads, recette perdue de la Duchesse des lieux.

Cette quête, so british, du biscuit au beurre est le fil conducteur d’un récit plus complexe où l’on croise une femme-océan, un chat vagabond; tout est prétexte à élucider un meurtre apparu comme en rêve à Victor, véritable héros de cette aventure.

De ses souvenirs perturbés et de ses hallucinations naît la couleur : un rouge-rosée, un rouge cru disputent au noir d’encre l’espace des planches décoratives de cet album original et délicat.

Véro

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13 juillet 2012

Chronique

Province romaine d’Egypte – Cité de Thèbes.

Règne d’Auguste…

Sur les berges du Nil, le cadavre d’un homme noir, couvert d’étranges tatouages et de bijoux finement ciselés, gît au fond d’une pirogue. Dans la curieuse embarcation, la place laissée libre par le corps est emplie de fabuleux trésors : des coffres pleins à craquer, des armes d’apparat et des masques, des coupes serties de pierres précieuses…

Et puis, il y a aussi cet étrange parchemin, dont le texte s’étale en caractères inconnus sous les yeux circonspects de Caïus Bracca. Pour lui, cette découverte est la preuve que plus au Sud, au-delà de la Nubie, peut-être encore plus loin que la mythique Ethiopie, se trouve une contrée regorgeant de richesses. Un pays sur lequel Rome aurait tout intérêt à étendre son hégémonie… Alors, le centurion charge le fidèle Marcus Livius de recruter une dizaine de soldats aguerris et de prendre la tête d’une expédition secrète, dont la mission sera de plonger au cœur de l’Afrique et de résoudre le mystère. On imagine sans problème que la promenade ne sera pas sans danger…

Richard Marazano, par ailleurs scénariste du Complexe du Chimpanzé ou du Protocole Pélican, parvient à lancer L’Expédition sur de bonnes bases. Avec soin, l’intrigue et les personnages principaux sont mis en place dans ce premier opus. De toute évidence, l’auteur a fait le choix de prendre son temps avant de rentrer dans le vif de l’aventure et celle-ci ne démarre donc réellement qu’après une trentaine de pages. Le moins que l’on puisse dire, c’est que les premiers rebondissements donnent envie d’en lire très vite davantage !

Au dessin et à la couleur, l’Argentin Marcelo Frusin (issu de l’univers des comics) nous en met plein la vue. Les protagonistes de l’histoire se meuvent dans des paysages grandioses, où les ocres désertiques nous assèchent et les verts tropicaux nous chlorophyllisent. Les rouges des capes et des crêtes légionnaires rivalisent avec l’éclat des rubis… et l’effusion des sangs.

En résumé, le premier volume nous a mis l’eau à la bouche. Vivement le tome 2, La Révolte de Niangara !

Bert’

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