Carte du labyrinthe

Alberto Torres-Blandina

Anne-Marie Métailié

  • Conseillé par
    4 mai 2011

    Le premier roman d'Alberto Torres-Blandina, Le Japon n'existe pas, m'avait bien plu, dans un registre comico-ironico-léger. Pour son second roman, l'auteur est parti explorer un domaine totalement différent : celui de l'amour : la passion, la tendresse et bien sûr l'amour absolu, celui qui dure toujours : "nous aimer pour toujours, comme on n'aime que dans les poèmes." (p.199)

    Jaime est un homme installé, marié et père de famille qui ne rêve que d'aventures, qui se pose des questions sur la durée de l'amour, sur la fidélité, sur la paternité et qui se demande ce qu'il aurait fait s'il n'avait pas suivi ce chemin. Mais il n'ose pas franchir le pas de l'adultère, malgré quelques occasions, de peur de ne plus pouvoir se regarder en face.
    Alberto est l'homme à femmes, celui qui devient totalement paranoïaque et désemparé lorsque sa compagne Elisa se fait violer. Rien ne sera plus comme avant. Lui, l'homme aux conquêtes, ne drague plus, ne fait plus l'amour et quitte Elisa. Il voue de la haine aux hommes, tous ceux qui auraient pu violer Elisa. Il est détruit. Ne réussit pas à remonter la pente
    Elisa est la femme amoureuse, qui pardonne à Alberto ses aventures. Elle est entière, indépendante. Violée, elle a énormément de mal à se remettre. Elle pense à la mort, à l'amour à mort. Elle cherche désormais l'amour absolu, celui qui ne peut baisser en intensité et celui qui la sauvera de son mal-être, qui la lavera de ce qu'elle ressent comme une salissure, son viol.

    Dit comme cela, ce livre peut paraître noir, triste ; je ne vais pas vous mentir en vous disant qu'on rit à toutes les pages, mais je peux vous dire qu'il est surtout très profond. La réflexion des personnages est poussée à fond, ce qui dérange le lecteur bien obligé de se mettre en question lui-aussi. Il est construit en cinq parties de trois chapitres chacune, un par narrateur. Cette construction permet de maintenir un intérêt tout au long de la lecture. Bien écrit, simplement, pas de tournure de style alambiquée, point de phrases incompréhensibles. Chaque personnage, bien distinct, est une facette de l'humanité :

    "Elle vient de découvrir qu'elle ne peut pas me haïr. Que nous sommes la même personne. Que derrière les noms et les nuances, nous sommes tous exactement la même personne perdue sous divers déguisements." (p.200)

    Si vous aimez les histoires plan-plan, ne notez pas ce titre. Si vous aimez être dérangé par vos lectures, foncez ! Je vous avouerai sincèrement qu'un récit aussi intimiste ne m'avait pas bousculé autant depuis longtemps ! Assez facile de se projeter dans un des personnages ou dans les trois en même temps. Alberto, qui est pourtant très loin de ce que je suis dans la vie me touche particulièrement : son récit me paraît être le plus fort, le plus dense.

    "Une histoire qui ne vous quitte plus" (4ème de couverture). Un auteur assurément à suivre !