Le fils de l'homme, Roman

Jean-Baptiste Del Amo

Gallimard

  • Conseillé par (Libraire)
    23 août 2021

    Orgueil et fureur

    Il faut se laisser porter par la prose de l'auteur, imposante et précise, précieuse dans sa justesse, dans le détail. Les paysages vous parviennent déjà au travers des premiers mots, loin derrière la ville quittée, la nature est à la portée de votre main, le chemin amorcé sera long et abrupt, vous le percevez déjà. La tension est palpable, imminente. A l'instar des animaux sauvages, les sens sont en alerte. La végétation est intense, potentiellement protectrice pour l'enfant qui découvre un univers tout nouveau aussi étranger qu'oppressant. Tragédie ample et singulière dans laquelle se déploient la colère assourdie devenue fureur du père dévoré par une rage et un orgueil démesurés, son extrême vanité dans une obscure tentative de reconstruction. C'est l'histoire de l'apprentissage de la violence entre un père et son fils. C'est sombrement somptueux, puissant. C'est le roman d'une destruction réfléchie, mesurée et orchestrée.


  • Conseillé par
    13 septembre 2021

    Somptueux !

    Avec Le fils de l’homme, Jean-Baptiste Del Amo propose une fable moderne sur la nature ancestrale de l’humain qui au fil de l’histoire élimine les extrêmes pour ne garder que ceux capables d’assumer la perpétuation de l’espèce.
    Pas souhaité le lire dès sa parution, à cause du déterminisme que je pressentais, contraire à mes convictions ! Mais, le Prix Fnac lui est remis. Alors, le courage au bord des yeux, j’ai commencé à lire et je l’ai dévoré presque d’une traite.
    « Et la rage des pères revivra chez les fils à chaque génération » Sénèque-Incipit du roman
    Jean-Baptiste Del Amo propose, en une dizaine de pages, un prologue de scènes de survie des hommes primitifs confrontés aux éléments naturels et aux combats pour la vie comme une invite à comprendre le cheminement du monde.
    Un couple, et un enfant assis à l’arrière, sont en route. Le voyage est long jusqu’à la maison isolée, les Roches, en pleine forêt loin des hameaux. Le 4×4 doit être abandonné bien avant l’arrivée car un tronc d’arbre se trouve en travers de la route. Il faut finir à pieds. Puis, la maison au confort spartiate, se découvre. Là, il faudra vivre quelques jours, un été, plus peut-être ..
    Au fur et à mesure, grâce à des retours en arrière, l’histoire de cette famille se découvre. Les trois personnages principaux n’ont pas de prénom ! La « Mère » est à peine majeure lorsqu’elle apprend qu’elle est enceinte. Pourtant, très vite, elle assume seule, avec chaleur et amour cet enfant, peut-être de façon trop fusionnelle. Mais qu’importe, elle sait le protéger lorsqu’il en a besoin et il sait la soulager lorsqu’elle a ses migraines invalidantes. Le « Fils » a 9 ans et redécouvre le « Père » dont il conserve quelques souvenirs embrumés. Il était si petit ! Car la présence du Père, revenu au domicile après une très longue absence, redéfinit, par sa présence, l’équilibre fragile et simple que la Mère avait créé avec son fils.
    Chronique et photos ici
    https://vagabondageautourdesoi.com/2021/09/12/jean-baptiste-del-amo/


  • 23 août 2021

    Apre et troublant

    Cette tragédie moderne aux allures de mythe met en scène 3 personnages -un père, une mère, un fils- qui ne sont jamais nommés, et qui se confrontent au cœur de la montagne jurassienne. Dans ce huis-clos à ciel ouvert l'auteur nous interroge sur la filiation, la transmission de la violence et la domination des hommes entre eux et de la nature sur les hommes.
    Apre et troublant, » Le fils de l’homme » est un récit d'une éblouissante noirceur qui suscite des images fortes qui hantent longtemps.