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    13 septembre 2011

    Voilà donc le tome deux des aventures du commissaire Garon, la suite de La jeune chair. Le moins que l'on puisse dire c'est que Garon prend de l'épaisseur, ainsi que l'enquête et le contexte. L'avertissement d'avant roman est plus que jamais de rigueur : "Les personnages que ce roman met en scène sont purement imaginaires. Toute ressemblance avec des personnes existantes ou ayant existé ne peut être que fortuite." Parce qu'en fait entre un ex-ministre mort accidentellement, Warth -et non pas Woerth, qui je vous le rappelle n'est pas mort. Bon peut-être politiquement, mais pas physiquement. Et encore, dans notre société, peut-être peut-il ressusciter en politique ?-, un ministre de l'Intérieur Dominique Galarzot, grand homme cultivé, à la crinière blanche -mais non pas D. Galouzeau De Villepin !- un Président Balkücy -non, non, pas Sarkozy- et une vieille dame qui donne de l'argent aux gens en place du parti l'Union des Conservateurs de Progrès (sic) et qui se nomme Mme Guyancourt -là non plus, point de Bettencourt- eh bien, tout tourne autour de personnages fictifs donc, mais qui ressemblent un peu à ceux qu'on ne connait que trop !

    Saint-Luc ne fait donc pas preuve d'imagination dans ses personnages, mais je ne suis pas sûr qu'il en fasse beaucoup plus pour son intrigue : entre magouilles, fric qui finance les partis politiques illégalement, hommes politiques qui cherchent la faille de l'adversaire -qui peut être un ami de trente ans, du même parti- pour pouvoir si possible l'anéantir -le mot n'est pas trop fort. Chacun joue pour soi dans ce monde où l'on ne réussit pas sans argent, sans soutien.

    Le commissaire Garon nage dans ce milieu aux eaux plus que troubles. Comme lors de sa précédente enquête, il ne s'embarasse pas de principes : d'ailleurs sa hiérarchie lui a donné carte blanche. Il en profite. Et si ses méthodes peuvent parfois être discutées, il faut bien dire qu'elles sont efficaces.

    Comme je le disais plus haut, il prend de l'épaisseur, une légitimité qu'il n'avait pas dans le premier opus, peut-être un peu léger, une esquisse de ce qu'il devient là. Et puis, Saint-Luc nous fait les présentations avec Mme Garon, un passage rapide, certes, mais on en apprend un peu plus sur le personnage. Certains des actes qu'il commet pourront choquer ou faire grincer des dents : on est parfois à la limite de faire pire que ceux qu'on veut coincer, mais bon, ce n'est que de la littérature policière. Pour ma part, je l'aime bien ce Garon aux méthodes contestables qui est loin d'être un flic lisse, inodore et sans saveur.

    Très direct, il pousse ses réflexions sur tous les sujets, la politique, évidemment, mais aussi, lui l'adepte d'une monarchie à l'anglaise se permet de renvoyer dos à dos les tricheurs, magouilleurs et les donneurs de leçon bien-pensants qui dénoncent sans faire avancer le schmilblick.

    Saint-Luc n'est pas politiquement correct et c'est tant mieux ! Du moins dans ses écrits, le reste, je ne sais pas ! Il surfe sur l'actualité -on ne peut plus, puique une histoire du même acabit ressurgit en ce moment !- pour le plus grand bonheur de ses lecteurs qui peuvent même comprendre par quels moyens certains de nos dirigeants arrivent au pouvoir. Attention, loin de moi l'idée de crier : "Tous pourris", je ne le crois pas et je vote depuis mes 18 ans sérieusement et consciencieusement pour justement participer à l'élection de ceux que je crois honnêtes.

    Bon trève de digression, passons au final : lisez le commissaire Garon, parce que c'est bien, parce que c'est bien écrit (y'a même des imparfaits du subjonctif, c'est dire si c'est bien !), parce que ça fourmille d'anecdotes et de références littéraires. Même si vous n'avez pas lu le premier, vous pouvez attaquer par celui-ci sans problème (c'est mieux même).