Un village français , La Bachellerie en Dordogne. Jean-Marc Parisis y passe enfant ses vacances scolaires chez ses grands-parents. Souvenirs d'une réelle douceur de vivre provinciale. La nostalgie heureuse se lézarde quand au travers de photos retrouvées , l'auteur découvre l'histoire macabre de son village lors de la seconde guerre mondiale.
Le Périgord fut le refuge de nombreuses familles juives principalement, ayant fui l'Alsace occupée. Epargnés au début par le feu et la faim, ces réfugiés durent peu à peu faire face à la peur , au danger , à la mort devant la fureur nazie. Il y aura peu de survivants.
Sans pathos , mais avec sérieux , détermination, J M Parisis restitue cette histoire comme un devoir indicible, presque comme une mission.
Ecrire se comprend pour lui comme Résister contre l'oublie
et renouer ce lien qui nous uni encore aujour'hui à ces morts innocents.

Nous savions déjà que la vie de péquenots texans enrichis dans le bétail et le pétrole pouvait être captivante.
Dans "le Fils " , Philipp Meyer le démontre de nouveau à travers trois portraits d'une grande famille , les Mc Cullough .
Histoire exotique et lointaine , vaste et glorieuse comme le fier Texas. L' aïeul, Eli, captif des Indiens dans sa jeunesse, traverse le siècle avec une fougue et une autorité sans pareille. Sa réussite s'établira sans l'ombre d'un scrupule, l'esquisse d'un doute , l'idée d'un seul remords.
Jeannie, sa descendante, suivra son exemple, surpassant son maître. Le pétrole construira son immense fortune et signera son extrême solitude hors du business.
Entre les deux , Peter aura l'élégance du doute. L'amour, la vergogne , la sensibilité auront alors le goût de la trahison.
Par le personnage de Peter, Philipp Meyer illustre que la grandeur d'une destinée se mesure de ce que l'on refuse, plus que de ce que l'on obtient.

"N'ayez pas peur " lecteurs d'affronter un roman contemporain dont les héros sont Paul de Tarse, Saint Jean l'évangéliste, Saint Luc, et autres figures du Nouveau Testament. Curieux et épatant, "le Royaume" révèle l'itinéraire spirituel d' Emmanuel Carrère. L'auteur s'y montre à nu partageant ses rencontres religieuses, son attrait pour les textes sacrés, ses difficultés, ses désirs, ses questions d'homme du XXIe siècle dans une société globalement détachée de tout.
Pour le plus humble des lecteurs -pour moi dont la première communion fut également la dernière- ce roman n'ouvre pas le chemin du Royaume, mais au fil des pages éclaire notre "nuit obscure" de mille secrets dévoilés, de mille voix explorées, de réflexions subtiles et joyeuses partagées. Emmanuel Carrère possède la grâce de transmettre au lecteur son irrésistible et vain besoin de comprendre.

Ce livre n'est pas une nouveauté. Très célèbre en Grande-Bretagne, c'est devenu un classique, il demeure néanmoins méconnu en France. Gérald Durrell, l'un des plus grands zoologistes du siècle, retrace dans ce récit ses souvenirs d'enfance à Corfou dans les années 30.

Madame Durrell, devenue veuve, quitte la grise Angleterre pour cette île grecque, accompagnée de ses trois fils et de sa fille Margo. L’aîné des garçons est l'écrivain Lawrence Durrell, Gérald est le plus jeune. Pour cette singulière famille anglaise, Corfou s'incarne comme le paradis ; la beauté sans pareille de l'île, la douceur de son climat, la mer toujours proche servent d'écrin à une vie d'une entière liberté.
Les querelles, les tracas domestiques sont évacués par des tirs croisés d'humour, de verve, de culot, d'un bonheur de vivre sans contraintes. Pour le jeune Gérald reste toutefois l'horreur scolaire - des tuteurs à domicile pourtant plus soucieux de Margo que du suivi pédagogique du garçon - Hors cela, ce sont des journées entières passées dans la nature, soignant les rongeurs, protégeant les insectes, attentif aux oiseaux, aux batraciens...
Par ce livre Durrell illustre cette idée que l'acmé d'une civilisation se mesure quand l'homme s'amuse à jeu égal avec la nature. Deux volumes complètent ses souvenirs, mais dès avant la fin de celui-ci; promis juré, vous avez cliqué sur internet votre prochain départ pour l'île grecque de Corfou.

On dit, que chaque jour, à travers le monde parait un nouvel ouvrage sur Napoléon. Celui qui sort le 22 janvier 2014 nous semble cependant singulier : l'action s'y déroule en 1818, et elle se situe en Amérique du nord, au Texas alors territoire de la Couronne d'Espagne.
Quasiment oubliée et méconnue de tous, l'épopée américaine racontée dans cet ouvrage retrace la tentative d'implantation d'une colonie militaire et agricole orchestrée par d'anciens soldats de la Grande Armée, au service de " l'Illustre captif".
Suivie " d'un oeil inquiet " par les Bourbons de Paris et de Madrid ; manipulée par les autorités américaines ; l'affaire du "champs d'asile" , nom de cette colonie, prend rapidement une mauvaise tournure. L'épuisement, l'impéritie, la malchance et surtout les querelles multiples laissent vite un champs de ruines.
"Les derniers de fidèles " est une combinaison réussie entre l'exactitude historique et le souffle, la véhémence du récit d'aventures. L 'intérêt, le bonheur de lecture de cet ouvrage provient aussi que tout au long de cette histoire, chacun semble revivre ce curieux sentiment de posséder de loin, encore, la fièvre de la geste impériale.