Conseils de lecture

19,00
Conseillé par (Libraire)
16 février 2016

Une fresque sociale cinglante et percutante

Après "Les lisières", roman paru en 2012, Olivier Adam poursuit une dimension sociale et nettement politique. L'exclusion sociale, la fragilité des classes moyennes, l'éclatement de la cellule familiale et son ennui parfois profond, l'ascension politique dans les sphères du pouvoir, la corruption et l'impunité invitant toutes les dérives possibles et tragiques font de ce roman une fresque sociale cinglante et percutante. Le tableau est assez noir, sans appel et claque pour mieux réveiller nos consciences endormies et indolentes. C'est toute la majesté de ce roman.


21,00
Conseillé par (Libraire)
16 février 2016

Rage irlandaise

Recueil de sept nouvelles qui donne à entendre des voix multiples et ordinaires de l'Irlande aujourd'hui au sein d'une bourgade oubliée tristement banale. Mais au-delà de la grisaille ambiante et des journées affligeantes et identiques, il y a toujours un petit sursaut d'éveil et de vitalité qui autorise joies et empathie. Ces jeunes gens désoeuvrés, sombrement alcoolisés en fin de semaine dans la multiplicité des pubs environnants, portent en eux une force vitale peu commune et rageuse. Ces nouvelles égalent au cinéma les très bons films de Ken Loach ou de Mike Leigh dans une désespérance d'apparence toute lumineuse.


18,00
Conseillé par (Libraire)
8 février 2016

Le pouvoir à la folie

Yasmina Khadra confie un grand roman, d'une efficacité redoutable, une pleine immersion romanesque au cœur du système de pensée du Guide libyen quelques heures avant sa finitude, avant sa mort certaine. Entre fuite et grandiloquence, sa mort révèle aussi son existence de tyran sanguinaire, insatiable, exclusif et égoïste. Heures intenses d'une longue nuit relatée, des heures de fuite, de cache et de mensonges ressassés. La narration à la première personne, forte et violente conduit le lecteur à traquer la part de folie, à quêter un semblant de vérité quant tout n'était que vanité surdimensionnée et égocentrisme atrophié, maladif.
Quel est ce cursus étrange menant cet homme à devenir dictateur ? La peur de soi ? La peur d'autrui ? La vengeance pour pouvoir asservir, avilir, assouvir ses pulsions propres et régner comme guide suprême persuadé d'être invincible ?


18,50
Conseillé par (Libraire)
25 janvier 2016

Génialissime !

Que dire ? Lisez-le ! C'est savoureux, tout en finesse littéraire et en loufoqueries raisonnées. Un réel bonheur de lecture, une rareté à consommer sans modération.


18,00
Conseillé par (Libraire)
25 janvier 2016

Fulgurances littéraires

Deux ans après la publication de son premier roman En finir avec Eddy Bellegueule , Edouard Louis donne à lire et à entendre une voix singulière, d'une qualité littéraire remarquable, accomplie, agitée de perpétuels questionnements sociologiques. Ce texte inouï, maîtrisé, d'une violence implacable mais raisonnée autorise aussi les émotions et la détresse intériorisées.

Entre récit et roman, Histoire de la violence est l'appropriation de l'auteur de sa propre histoire, écrite dans l'urgence, avec fulgurance et nécessité après avoir éprouvé et subi un viol et une tentative d'homicide un soir de nuit de Noël. Ce texte émane d'une volonté de comprendre l'incompréhensible, la naissance d'une violence inattendue et incontrôlable au sein d'une société elle-même violente ayant délaissé les individus fragiles et fragilisés. Edouard Louis ne condamne pas mais traque une certaine vérité en utilisant les codes du roman pour une plus grande liberté de narration. C'est dans la souffrance ouverte et assumée que la parole et l'écriture ici se libèrent. Le lecteur ne doit pas être rassuré, il plonge au cœur du texte et de l'indicible parce que le narrateur n'omet rien, partage ses émotions, les phases de détresse et de doute qui ont suivi. Il y a d'abord eu la rencontre, la séduction et son attrait, les solitudes masquées et le besoin d'échange. Puis l'approche est devenue plus engageante, plus engagée et le désir irrésistible a surgi. Edouard Louis céda alors sans même envisager un danger quelconque. Réda le fera chavirer, toute une nuit d'échanges et de douceurs jusqu'à l'horreur et la peur, celle d'avoir échappé à la mort. La narration est judicieusement double et non linéaire. Deux voix s'entremêlent, celle d'Edouard Louis et celle de sa sœur pour raconter son histoire dans les moindres détails commentés alternant un langage plus populaire et spontané et un langage plus bourgeois et intellectualisé. De son histoire personnelle, dans ce roman comme dans le précédent, le narrateur a l'exigence d'un roman social contemporain. Sans cesse reviennent ses propres origines sociales, son ascension littéraire et intellectuelle sans toutefois renier ce qui le fonde. La voix de sa sœur biologique, sorte de double littéraire et narratif est là pour le rappeler. Edouard Louis déconstruit pour reconstruire, se (re)construire. Et cela passe nécessairement par les mots, par le langage. Le silence serait pourtant une tentation forte et obstinée de s'y réfugier. Ne rien dire, taire, se taire, ne pas accabler davantage, ne pas porter plainte, porter sa propre culpabilité. Il faut pourtant que cela soit dit, ne pas laisser cette souffrance violente accaparer le corps et l'esprit et accepter malgré soi d'aller dans un commissariat déposer une plainte, dire l'intimité, revivre la violence des actes et laisser choir une partie de soi-même aux mains, aux oreilles d'autrui. Et c'est bien l'objet de ce livre, éloigné fermement de tout radicalisme, de faire œuvre d'intégrité, de sincérité et de justesse. Edouard Louis ne triche pas, ne cherche ni à embellir, ni à enlaidir le drame de la situation, pas plus qu'il ne se pose en victime. Il propose au lecteur sa vision de la violence sociétale ambiante à partir d'un fait tragique certes personnel mais toujours relativisé et pleinement réfléchi. Ce roman est précisément d'une sincérité éblouissante et troublante et la littérature autorise et ouvre des éléments de compréhension sur le monde contemporain.