claudialucia

http://claudialucia-malibrairie.blogspot.fr/

Depuis mon apprentissage de la lecture, les livres ont toujours tenu dans ma vie une place immense. J'ai ouvert ce blog intitulé Ma librairie pour garder le souvenir de toutes ces lectures, des émotions ressenties, des récits, des mots et des phrases qui m'ont marquée.
Le titre de mon blog est un hommage à Michel de Montaigne qui aimait à se retirer dans sa librairie (au XVIème siècle le mot a le sens de bibliothèque), au milieu de ses livres.
La librairie de Montaigne était située au troisième étage d’une tour de son château qui figure dans mon logo. Là, il lisait, méditait, écrivait. Là, il rédigea Les Essais.
Pour moi, comme pour lui, les livres : “C’est la meilleure des munitions que j’aie trouvée en cet humain voyage”.

Conseillé par
4 juillet 2011

Les leçons du Mal de Thomas H. Cook

Je viens de terminer Les leçons du Mal de Thomas H.Cook, le premier livre que je lis de cet auteur et j'avoue que c'est une agréable surprise. Les leçons du Mal est classé dans le genre policier aux éditions du Seuil. Mais même si un meurtre a eu lieu dans le passé et a toujours des retentissements dans le présent, je dirai plutôt qu'il s'agit d'un roman psychologique et social, très intéressant, qui explore les zones sombres de la conscience et révèle en chaque être les motivations intérieures soigneusement cachées, parfois même à l'intéressé lui-même. Ainsi Nora, l'amie de Jack Branch, lui déclare : "Tu n'es pas celui que tu imaginais être" et il découvrira combien elle a raison. En cela le livre mérite bien son titre!

L'action du roman a lieu dans la petite ville de Lakeland, Mississipi, état encore bien marqué, près d'un siècle plus tard, par la guerre de Sécession. Nous sommes en 1954. Jack Branch est le fils d'une grande famille de planteurs. Il a reçu la bonne éducation d'un riche fils du Sud, a vécu dans une maison, Great Oaks, qui n'a rien à envier à celle de Scarlett O'Hara. Il est en admiration devant son père, parfait gentleman du Sud, un érudit aux manières raffinées, à qui il s'efforce de plaire. C'est peut-être pour cela qu'il choisit, comme lui, de devenir professeur au lycée de Lakeland fréquenté par des élèves modestes. Le cours thématique qu'il donne sur le Mal doit amener, pense-t-il, ces jeunes gens défavorisés à se définir par rapport à cette notion et à se sentir revaloriser. Jack Branch va s'intéresser particulièrement à un de ses élèves, Eddie Miller, rejeté par les autres parce que son père est le meurtrier d'une jeune étudiante, fait divers particulièrement atroce survenu il y a une douzaine d'années qui hante la mémoire collective de la petite ville. Quand le professeur donne à ses élèves un sujet sur le Mal, il conseille à Eddie d'écrire sur son père pour illustrer le devoir. Il pense ainsi lui permettre de surmonter son traumatisme et peut-être d'obtenir une réponse la question angoissante de l'hérédité du Mal. Pourtant tout ne va pas se passer comme il l'avait prévu!

Le roman, et c'est là un de ses grands centres d'intérêt, a le mérite de dénoncer le racisme, la misère, l'inégalité sociale, l'injustice qui règnent dans une société qui a peu évolué depuis la guerre de Sécession. Les grandes familles sont toujours accrochées à leurs privilèges avec le regret de ce qui a été. Quant à la ville, elle est divisée en zones. A côté du splendide secteur des plantations, s'étend un quartier plus modeste de commerçants et d'artisans, puis un autre plus pauvre habité par les ouvriers et enfin la "région damné des Nègres", l'extrémité de la ville, connue sous le nom de Ponts, sordide et misérable. Certains des élèves de Jack portent en eux les stigmates de l'échec, persuadés de n'avoir aucune chance de s'en sortir dans cette société. En particulier Dirk Littlefield qui manifeste envers son professeur et Eddie une hostilité croissante surtout quand sa petite amie, Sheila, le quitte pour Eddie.

Les personnages sont complexes. Jack Branch est un être brillant qui a une haute opinion de lui-même non seulement en tant que professeur mais en tant qu'être humain. Il est vrai qu'il embrasse par idéalisme une carrière bien modeste pour quelqu'un qui pouvait prétendre à un avenir brillant. Il exerce ce métier avec passion et enseigne à ces enfants pour : "rendre service à ceux-là mêmes que ma famille, de connivence avec quelques autres tout aussi bien nées, avait maintenu sous une longue domination, ce qui leur avait permis de prospérer avant et après la guerre de Sécession." Mais est-ce entièrement par altruisme qu'il se préoccupe du sort d'Eddie, n'agit-il pas aussi un peu par orgueil, mu par une sorte de complexe de Pygmalion? Ses sentiments vont se révéler parfois bien ambigus : dépit, jalousie envers Eddie quand il le voit se rapprocher de son père. Et Eddie, quel jeu joue-t-il en s'insinuant dans les bonnes grâces du vieux monsieur de Great Oaks? Aucun des personnages n'est entièrement du côté du Bien et du Mal mais chacun se situe dans une zone intermédiaire. Même Dirk, antipathique et violent, est aussi une victime de cette société qui broie les individus et lorsqu'il crie sa haine des riches, il a de bonnes raisons de le faire! Nora, pourtant, la jeune femme qu'aime Jack, une fille du Ponts devenu professeur, échappe à cette ambiguïté par sa droiture, son franc parler, et l'amour qu'elle porte à son frère handicapé mental.

Thomas Cook manifeste une grande habileté dans la construction du roman. Le narrateur est Jack, âgé, faisant un retour vers le passé. Mais la chronologie n'est pas respectée. Le vieux Jack présente des faits qui se chevauchent dans le temps. Toutes les époques se mélangent et forment comme les petites pièces d'un puzzle que le lecteur ne peut comprendre mais qui formera bientôt un tout. Ainsi le lecteur est tenu en haleine jusqu'au dernier moment, le narrateur apparaissant comme un démiurge qui détient toutes les clefs, ayant la connaissance du passé, du présent et du futur des personnages. Le récit se referme sur la note nostalgique de toutes ces vies brisées.

Un roman passionnant.

Conseillé par
14 mai 2011

Les lettres de la Grande Blasket aux éditions Dialogues Croisés ont été écrites de 1931 à 1951 par Eibhlis Ni Shuilleabhain (Elizabeth O'Sullivan), native de cette île située dans le Kerry, au Sud-Ouest de l'Irlande. Elles sont adressées à George Chambers, un anglais qui avait rencontrée la jeune fille en visitant la Grande Blasket et était devenu son ami. Les lettres sont suivies d'un texte de Hervé Jaouen, le traducteur, qui raconte sa visite de l'île désertée par ses habitants.

Seul un tiers des lettres de la jeune femme a été conservé pour des questions de format de l'ouvrage. Et je l'ai un peu regretté, il faut bien le dire, parce que l'on finit par s'attacher à Eibhlis et on aimerait en savoir plus sur elle. A travers ses écrits l'on devine son caractère, son courage, sa patience, sa résignation aux décrets de Dieu, ses peines et ses joies et aussi sa finesse, sa sensibilité à la beauté. Quand on apprend subitement qu'elle est mariée, on aurait aimé savoir comment elle avait choisi son mari, pour ne donner qu'un exemple... Bref! entrer plus encore dans l'intimité de cette voix amie comme si ces messages nous étaient adressés en personne. J'adore ce genre de lettres rédigées par des gens du peuple qui racontent leur vie quotidienne avec leurs mots, sans recherche esthétique, mais avec une émotion et un sincérité d'où naît la poésie. La langue de Eibhlis est un anglais maladroit, précise le traducteur, avec un vocabulaire et des tournures gaéliques. Eibhlis raconte la beauté de son île et son amour pour cette terre natale si sauvage, si éloignée de tout. Mais elle parle aussi des privations, des souffrances de ces insulaires qui sont peu à peu obligés de quitter leur île pour s'exiler en Amérique afin de pouvoir survivre.
Classées par ordre chronologique mais choisies pour leur thématique, les lettres conservées ont pour but de nous montrer les aspects essentiels de la vie sur l'île et elles se révèlent passionnantes, peignant une civilisation maintenant disparue qui nous paraît étrange. Le travail d'abord, très dur, très pénible, quand il faut aller chercher la tourbe en haut de la montagne et la redescendre à dos d'âne, ou épandre dans les champs le goémon que les hommes arrachent à la mer, quand il faut transporter un à un, sur le dos, les moutons ou les vaches que l'on va vendre à la ville par un petit sentier escarpé et dangereux jusqu'au bas de la falaise. Elles montrent aussi les pêcheurs privés de leur seul moyen de subsistance par les tempêtes et l'arrivée de l'hiver. En effet, les conditions climatiques sont extrêmes, l'hiver dure jusqu'à fin d'Avril, les vents sont redoutables, la mer trop souvent déchaînée coupe tout lien avec la terre. Les privations, la disette sont le lot de tous. Parfois, certains n'ont plus que quelques pommes de terre pour survivre. Eibhlis raconte aussi les coutumes, les enterrements, la petite bouteille d'eau bénite que les pêcheurs accrochent à leur canot, les superstitions. Ici on a peur des morts et on croit aux fées. Nous partageons aussi les moments de joie, comme la fête de Noël, qui nous paraissent bien modestes mais qui apportent un peu de gaieté dans le coeur de tous. C'est presque un travail d'ethnologue que fait la jeune femme sans le savoir et l'on devine parfois que son correspondant l'y invite en lui posant des questions précises.
J'ai été étonnée aussi d'apprendre que la Grande Blasket fut une pépinière de talents, "une île aux trésors" dit Hervé Jaouen : le livre "L'homme des îles" écrit par le grand oncle de Eibhlis, Tomas O' Crohan; "Vingt ans de jeunesse" de Maurice O' Sullivan et "Peig" de Pieg Sayers. Et je suis curieuse de lire ces ouvrages maintenant après avoir fait connaissance de la jeune fille des "Lettres de la Grande Blasket." Je lui laisse d'ailleurs la parole en guise de conclusion avec ces mots si beaux, si pleins d'émotion :

8 Décembre 1945
"Niamh* m'a montré un livre il y a quelques jours avec dessus une photo de la vieille maison, et je pleurais presque en la regardant, cependant que le sable des souvenirs faisait s'écouler à travers ma mémoire ces images perdues de la mer si calme et les mouettes qui crient et les canots revenant de la Grande Terre et la Grève blanche, blanche de sable blanc, et comment les bandes d'entre nous y jouaient ensemble comme une seule famille, tellement éparpillée maintenant et même plus un seul enfant sur ces sables blancs abandonnés."

* Niahm : La fille d'Eibhlis

12,70
Conseillé par
3 mai 2011

Le monde sans vous de Sylvie Germain

Dans "Le Monde sans vous", Sylvie Germain réunit deux textes à la mémoire de ses parents disparus. Elle ne cherche pas, dit-elle, à édifier un mausolée à la manière de Mallarmé écrivant pour les Grands, écrivains ou artistes disparus. Rien de spectaculaire ici mais "des mots, de simples mots sans prétention, moins pour chercher à bâtir de superbes tombeaux que pour tenter d'ouvrir en grand les tombeaux vides, et de les maintenir tels."

Les "Variations sibériennes" sont dédiées à sa mère qui vient de mourir. Sylvie Germain, au cours d'un long voyage dans le Transsibérien, écrit au rythme de ce paysage qui défile devant elle dans un mouvement perpétuel : "Sombre et grasse est la terre. Tchernoziom. Noirs et luisants sont les sentiers de boue entrevus en bordure des forêts. Bruns et gris les roches qui affleurent, les cailloux et les graviers des talus. Brun, violâtre, les arbustes naufragés de l'hiver, et bronze clair, les chardons et les joncs desséchés. Mais d'un blanc étincelant, marbré d'écorchures noires, défilent les bouleaux."

Et cette symphonie d'images et de couleurs convoque une image inversée de la mère, un peu comme le négatif d'une photographie : "Sibérie : un pays où tu n'es jamais allée, ma mère, et qui n'éveillait aucun désir en toi. (...) Tu aimais le midi et ton coeur était couleur de Méditerranée."
La voix des grands poètes se mêlent à la sienne comme une incantation pour célébrer la disparue : Ossip Mandelstam, Arseni Tarkovski, Boris Pasternak, Blaise Cendrars... "Ma mère, tu n'étais pas poète, et ta main n'était pas celle d'un merle blanc. Tu étais une vivante et tu étais ma mère. Cela constitue déjà une ample prose, et c'est par voie de prose que je m'adresse à toi"
"Variations sibériennes" est un texte à savourer par petites gorgées pour mieux goûter certains passages, magnifiques, et se laisser gagner par l'émotion. Pour dire la beauté de cette nouvelle prose du transsibérien -après celle de Cendrars- il faut se taire! Lire, revenir en arrière, repartir. Il faut se laisser envahir par ce style poétique, par la beauté des mots et des paysages de ce "pays du Nord, du froid, de la vie, de l'infertilité. Terre de l'en-deçà et de l'au-delà de la vie" "Sibérie la dormeuse -la veilleuse aux innombrables yeux d'eau, d'écorce et de lichen." Nous vivons avec la voyageuse, l'étendue, la vastitude, la profondeur de cette terre qui dort, de ce pays où le vent est "maître de l'espace en extension, maître du Vide, seigneur du Rien". Le Transsibérien nous entraîne toujours plus loin là où le train achève sa course : Vladivastok, un nom superbe, signifiant "le Possesseur, le Souverain de l'Est" . Ainsi semblable à la petite Jehanne de France en route avec Blaise Cendrars, la mère , la petite Henriette de France, accompagne sa fille et part vers un lointain bien plus loin même que la Sibérie : "Tu es, tu vas dans l'absolu du Loin.Tu t'éloignes de ta fin, et c'est un commencement."

Dans le deuxième texte très court "Kaléidoscope ou notules en marge du père", Sylvie Germain va tenter de reconstituer l'image fondatrice, celle du père. Mais cette image est mouvante, fragmentée, jamais achevée, belle pourtant. Elle semble faite de "poussières d'étoiles", de petits éclats de rien ou de tout glanés de ci de là, dans une fresque de Piero della Francesca, dans "l'or qui tremble au coeur des roses" que cultivaient le père mais aussi le père de son père, dans ce terrain en jachère au-dessus de la basilique de Vézelay, dans le Saint Christophe d'un peintre ardennais... "Kaléidoscope: la beauté d'une image regardée sous l'angle le plus aigu, le plus abscons, sous l'éclairage le plus impondérable : le Père à l'Enfant. Mon père."

Conseillé par
2 mai 2011

Irin Hart : La légende de la sirène

"La légende de la sirène" est un roman à suspense de Erin Hart, américaine passionnée de folklore Irlandais. L'intrigue se déroule entre la ville de Saint Paul, Minnesota, aux Etats-Unis, et l'Irlande; elle se dédouble, entre réalité et légende, en deux enquêtes.

D'une part, dans la réalité, à Saint Paul, le meurtre de Triona dont on n'a jamais retrouvé l'assassin. Sa soeur Nora Gavin soupçonne Peter Hallett, le mari de Triona, mais ne trouve aucune preuve convaincante de sa culpabilité. C'est pourquoi, extrêmement perturbée, dépressive, elle s'exile en Irlande pour travailler avec l'archéologue Cormac dont elle tombe amoureuse. Cinq ans après la disparition de Triona, en apprenant le remariage de Peter, Nora se sent assez forte pour retourner à Saint Paul. Elle est bien décidée cette fois à réunir des preuves pour confondre celui qu'elle continue à croire coupable et qui est une menace, pense-t-elle, pour sa nouvelle épouse mais aussi pour Elizabeth, fille de Peter et de Triona.

D'autre part, au siècle passé, dans le village du père de Cormac, la disparition de Mary Heaney, jeune femme soupçonnée d'être une Selkie. La Selkie, dans le folklore irlandais, est une femelle phoque venue sur terre sous la forme d'une créature humaine pour changer de peau. Retenue prisonnière loin de son élément naturel, la mer, mariée à un homme "terrestre" et devenue mère, la Selkie garde la nostalgie de son origine mais ne peut redevenir phoque que si elle retrouve la dépouille qu'on lui a dérobée. Oui, mais, ces disparitions de Selkie ne couvriraient-elles pas des crimes sordides, en particulier, dans le cas de Marie Heaney? C'est ce que se demandent la sociologue Roz Byrne et Cormac.

Le récit se lie avec beaucoup de plaisir et l'on est pris par cette double enquête bien menée et passionnante. L'écrivain utilise, d'une part, les moyens les plus modernes d'investigations en matière de criminalité en faisant appel à la génétique des populations, à la botanique criminalistique. Nous apprenons ainsi ce qu'est "la Floerka proserpinacoïdes", "la fausse Sirène", plante qui va jouer un grand rôle dans l'enquête.. D'autre part, Erin Hart nous introduit dans le monde féerique du folklore et de la musique irlandais avec la belle chanson en gaélique an "Mhaighdean Mhara" ("La Sirène") qui a inspiré l'intrigue et le titre. Erin Hart nous amène dans le Donegall mystérieux, sur les falaises battues par le vent, à la rencontre des phoques au regard liquide.. Elle l'habileté de laisser le Fantastique s'introduire dans l'histoire par le biais de personnages comme Triona et Elizabeth à la sensibilité si proche du Merveilleux celte, amies des créatures marines, femmes-phoques?

Je crois que ce que j'ai vraiment aimé dans ce livre, c'est son originalité. Il s'agit, bien sûr, d'un roman avec une intrigue policière classique qui joue sur les ressorts du suspense mais l'introduction du folklore irlandais, du Merveilleux celte, donne une tonalité nouvelle au genre.

Conseillé par
19 avril 2011

Le petit marchand des rues de Angela Largo

"Le petit marchand des rues" de Angela Largo est un album qui s'adresse aux enfants à partir de 4 ans.

Il n'y a pas de texte mais seulement des illustrations, d'ailleurs fort expressives, nul besoin de paroles. Elles racontent l'histoire d'un petit garçon qui vend des fruits dans les rues bondées de voitures d'une grande ville au Brésil.

Et cet enfant se heurte à l'indifférence, la mauvaise humeur, la méchanceté des automobilistes. Il ne parvient pas à écouler sa marchandise. Alors, il vole... des fruits qu'il se met à vendre dans les rues d'une grande ville au Brésil au milieu de l'indifférence, de la mauvaise humeur, la méchanceté des automobilistes. Un éternel recommencement, un cycle qui reprend sans cesse et qui laisse bien peu d'espoir au gamin de pouvoir échapper à la pauvreté.

Vous allez me dire, c'est un histoire horrible, trop triste? Et oui ... mais il est bon de faire comprendre à nos bambins que tous les enfants n'ont pas la même chance, et que tous pourtant devraient pourtant avoir les mêmes droits. Il découvrira peut-être que l'injustice et l'inégalité existent mais aussi qu'un peu de solidarité et d'amitié pourraient améliorer bien des choses sur notre planète. Et il appréciera peut-être encore plus le bonheur d'avoir une famille qui l'aime. Le livre est, en effet, assez riche pour permettre une discussion avec l'enfant et amorcer une réflexion à son niveau. J'espère pouvoir donner une éducation comme celle-là à ma petite fille quand elle sera un peu plus grande!

Les illustrations sont de véritables tableaux qui jouent sur les couleurs pour exprimer les sentiments sans aucun réalisme : L'enfant a le visage vert et affrontent des gens et des chiens aux visages rouges, aux dents pointues, aux traits effilés comme des bêtes sauvages ou des sorciers cruels. Les automobiles sont parées de couleurs vives, voire violentes, jaunes, rouges ou vert criard alors que l'univers de l'enfant environné de bleu et noir est sombre et glauque. Parfois, lorsque petit garçon vole un paquet à l'intérieur d'un véhicule, l'image vire au cauchemar mais il y aussi des moments de tendresse quand il partage son maigre repas avec un chien des rues, comme lui, ou quand il aperçoit dans une voiture une maman câlinant son bébé dans des teintes doucement bleutées.
Un très bel album!